La transition vers des énergies renouvelables nécessitera probablement des milliards de tonnes de métaux et de minéraux, nécessaires à la fabrication d’éoliennes ou de panneaux solaires. Question : où nous allons les trouver ? Une réponse possible : le fond des mers, où l’on trouve en abondance les métaux clés de l’énergie verte, notamment le nickel, le cobalt et les minéraux des terres rares. Mais à quel coût écologique ?
L’exploitation minière en eaux profondes dans le Pacifique présente un intérêt croissant pour les investisseurs frontaliers, les sociétés minières et certaines économies insulaires. À ce jour, aucune exploitation commerciale n’a été lancée, mais une grande partie de l’exploration minière des fonds marins est en cours. L’accent est mis sur les nodules polymétalliques dans la zone de Clarion Clipperton dans le nord-est du Pacifique équatorial, et dans les zones économiques exclusives (ZEE) de plusieurs pays.
Certains acteurs font valoir que l’exploration en eaux profondes est essentielle pour fournir les métaux nécessaires à une transition mondiale vers les énergies renouvelables. Cependant, les stocks de minéraux terrestres existants, les progrès réalisés dans le recyclage des déchets électroniques, les avancées vers le développement d’économies circulaires et les sources alternatives de métaux remettent en question les affirmations selon lesquelles les fonds marins doivent être exploités. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″]
Certaines entreprises et certains gouvernements affirment que l’exploitation minière dans les ZEE soutiendra la prospérité nationale et les objectifs de développement des économies des îles du Pacifique, avec peu ou pas d’impact négatif. Dans le même temps, de nombreux habitants des îles du Pacifique se disent préoccupés par les conséquences sociales, économiques et environnementales qu’ils anticipent sur leur vie en raison de l’exploitation minière en eaux profondes. Une étude récente réalisée par deux ONG, Deep Sea Mining Campaing et MineWatch Canada, est de nature à aggraver leurs inquiétudes.
La faisabilité et les avantages économiques de l’exploitation en eaux profondes ne sont pas prouvés. Le premier projet d’exploitation minière en eau profonde au monde, Solwara 1 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a eu des conséquences économiques négatives importantes pour ce pays. Lorsque Nautilus Inc., la compagnie minière promotrice du projet, s’est déclarée en faillite, le pays s’est retrouvé criblé de dettes, ayant été persuadé par cette société d’investir dans son projet qui a échoué.
« La société civile de la région et de tout le Pacifique s’oppose vivement aux mines en eau profonde, écrivent les auteurs de l’étude, et réclame une interdiction en Papouasie Nouvelle-Guinée et un moratoire ailleurs dans la région ».
Les habitats des grands fonds marins sont riches en biodiversité, dont seule une fraction est connue de la science. Dans le Pacifique, le peu d’informations disponibles sur les habitats des grands fonds marins concernent la zone continentale. On ne sait presque rien sur les espèces et la diversité des milieux d’eaux profondes dans le reste de la région.
L’étude présente une analyse de la littérature traitant des impacts prévus et potentiels de l’exploitation minière des nodules d’eau profonde dans le sud-ouest, le centre et le nord-est du Pacifique : 250 articles scientifiques et autres ont été examinés afin d’explorer ce qui est connu – et ce qui reste inconnu – sur les risques de l’exploitation des nodules pour les habitats, les espèces, les écosystèmes de l’océan Pacifique et les personnes qui en dépendent. Le rapport détaille les risques établis par les scientifiques, notamment ceux liés au manque de connaissances sur cette industrie émergente.
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