Un rapport dirigé par International Land Coalition en collaboration avec Oxfam pointe du doigt les inégalités foncières qui menacent les moyens de subsistance de milliards de petits exploitants.
International Land Coalition, une alliance mondiale de représentants de la société civile, d’organisations d’agricultures, d’agences des Nations Unies et d’instituts de recherche a réalisé, en collaboration avec Oxfam, un rapport dénonçant les inégalités foncières, nettement plus élevées que ce qui avait été signalé précédemment. Ces inégalités menacent les moyens de subsistance d’environ 2,5 milliards de petits exploitants. Le rapport explique que ces petits exploitants mais aussi les exploitations familiales, populations autochtones, femmes rurales, jeunes et communautés rurales sans terre sont réduits à des parcelles de terre de plus en plus petites et sont parfois même expulsés à mesure que les inégalités foncières s’accentuent. Le rapport constate que les 10% des populations rurales les plus riches dans les pays échantillonnés possèdent 60% de la valeur des terres alors que 50% de populations rurales les plus pauvres, généralement dépendantes de l’agriculture, ne possèdent que 3% de la valeur des terres.
Ces inégalités foncières menacent les moyens de subsistance de quelque 2,5 milliards de personnes qui pratiquent la petite agriculture, et sont en augmentation de 41 % par rapport aux estimations précédentes. Environ 84 % des exploitations agricoles sont d’une taille inférieure à 2 hectares, mais elles n’exploitent qu’environ 12 % du total des terres agricoles par zone.
Selon le rapport, l’Amérique latine est la région où les inégalités foncières sont les plus marquées au monde, les 10 % de propriétaires les plus importants contrôlant jusqu’à 75 % des terres agricoles et les 50 % les moins importants en possédant moins de 2 %. Cependant, les inégalités foncières en Asie et en Afrique ont augmenté à un rythme proportionnellement plus élevé.
Le nombre de petits exploitants menacés par ces inégalités a été revu à la hausse grâce à ce rapport qui inclut de nouvelles données. Les chercheurs ont mis en œuvre une nouvelle méthodologie pour mesurer l’inégalité foncière en prenant en compte le régime foncier, la qualité des terres, la dotation et les actifs, chose qui n’était pas réalisé avant. Un autre, nouveau système a également été mis au point pour évaluer les inégalités foncières en fonction des terres détenues par un ménage et de la valeur des terres, et tient également compte des personnes sans terre.
Les résultats montrent que du début du XXe siècle jusqu’aux années 1960 et 1970, les inégalités foncières avait diminuées de manière régulière, bien que lentement, grâce à la mise en œuvre de politiques agraires axées sur les petits producteurs et les agriculteurs familiaux et de programmes de redistribution des terres. Cependant, à partir des années 1980, la tendance s’est inversée. Les inégalités foncières n’ont pas cessé d’augmenter. Les chercheurs ont attribué ce phénomène à la prolifération de modèles d’agriculture industrielle à grande échelle, soutenus par des politiques axées sur le marché et des économies ouvertes donnant la priorité aux exportations agricoles et animées par la logique du retour sur les investissements à grande échelle grâce aux économies d’échelle.
Le rapport souligne également que l’augmentation des investissements des entreprises et du secteur financier dans l’alimentation et l’agriculture, ainsi que la faiblesse des institutions et des mécanismes existants pour résister à la concentration croissante des terres ont participé à l’accroissement des inégalités. De plus en plus de terres appartiennent donc à un nombre réduit de personnes, qui les utilisent pour servir les intérêts des entreprises agroalimentaires et des investisseurs qui utilisent des modèles de production industriels employant de moins en moins de personnes.