Les parcs nationaux et les parcs naturels régionaux français s’invitent dans le débat sur la nouvelle Politique agricole commune avec des propositions décoiffantes.
Pour une PAC des territoires – Premières propositions des Parcs pour la PAC post-2020 : c’est le titre d’un document de 58 pages, très détaillé, par lequel les 54 parcs naturels régionaux (PNR) et les 11 parcs nationaux qui maillent le territoire français manifestent leur volonté d’intervenir dans le débat sur les orientations de la Politique agricole commune pour la période 2021-2027. La PAC est une politique mise en place à l’échelle de l’Union européenne depuis 1962. Elle consiste à soutenir l’ensemble des filières agricoles et à orienter les aides agricoles en faveur de l’élevage, de l’emploi, de l’installation de nouveaux agriculteurs, de la performance à la fois économique, environnementale et sociale et des territoires ruraux. Elle fonctionne sur une programmation pluriannuelle dont l’actuelle – 2014-2020 – s’achève. Une consultation nationale pour la période 2021-2027 est lancée : chaque Etat membre de l’Union européenne va devoir définir un plan stratégique national qui intègrera les grandes priorités définies par la Commission européenne. La contribution des parcs nationaux et des parcs naturels régionaux, qui a vocation à alimenter les réflexions menées au niveau national, est issue d’une étude pilotée en 2019 par la Fédération des parcs naturels régionaux (FNPNR) et s’appuie sur des retours d’expériences des agents des deux réseaux d’espaces protégés. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Elle regroupe des constats et des propositions sur le volet environnemental de la prochaine PAC et sur les milieux dont la préservation est prioritaire au maintien de la biodiversité (prairies permanentes et surfaces pastorales, zones humides, bocage, etc.).
Les réseaux des parcs nationaux de France et des parcs naturels régionaux souhaitent que la prochaine PAC soit plus exigeante en matière environnementale, en engageant les exploitations agricoles et les territoires vers des systèmes économes en intrants, préservant les sols, la biodiversité et l’eau, pour privilégier une production de qualité et faciliter la transition vers un système alimentaire et agricole durable.
« Actuellement,relèvent les deux réseaux dans le préambule de leur document, les consommateurs sont de plus en plus attentifs à leur santé et à l’environnement :
consommer local, consommer bio sont des tendances de plus en plus fortes. Et alors que le souci du bien-être animal devient important dans le débat public, beaucoup de nos contemporains diminuent leur consommation de viande. L’industrie agroalimentaire et la grande distribution ont bien saisi ces tendances et mettent en avant leurs initiatives commerciales et de marketing pour y répondre, sans que l’on sache si ces actions serviront réellement la cause de l’environnement et de la santé. Malgré ces évolutions, l’obésité devient de plus en plus courante et un fossé social se creuse entre ceux qui peuvent accéder à une alimentation de qualité et les autres. Les questions du suremballage et du gâchis alimentaire se posent également. Par ailleurs, les lotissements pavillonnaires et les zones d’activité continuent à dévorer les espaces agricoles. Toutes ces contradictions s’opposent au désir de mieux faire. L’agriculteur, quant à lui, s’efforce de s’adapter et les réussites sont bien réelles, notamment dans les Parcs. Pour autant, les pertes de biodiversité et d’infrastructures agroécologiques se poursuivent : au-delà des itinéraires techniques agricoles des exploitations, il ne faut pas perdre de vue le fait qu’elles s’inscrivent dans des systèmes écologiques où la nature est aussi présente et co-construit les paysages ruraux. »
Devant ces constats, les Parcs déroulent un ensemble de mesures à mettre en œuvre dans la prochaine PAC, pour encourager une politique agricole
- rémunératrice pour les agriculteurs, non délocalisable, inventive et diversifiée, productrice de produits du terroir valorisés le plus possible en circuits courts et de proximité en complément des filières longues, proche des consommateurs, affichant un lien fort des produits à leur territoire,
- génératrice d’emplois et de qualité de vie pour les agriculteurs et les habitants du territoire,
- adaptée aux ressources du terroir et privilégiant l’autonomie des exploitations,
- participant à l’attractivité et à la qualité patrimoniale et paysagère du territoire,
- n’affectant pas la santé des agriculteurs, des habitants et des consommateurs, l’usage des pesticides étant le plus possible limité,
- s’appuyant sur la biodiversité comme facteur de production pérenne et de plus-value,
- économe en ressources naturelles et en intrants, impactant le moins possible le climat et s’adaptant aux défis du changement climatique,
- favorisant la diversité génétique et les services environnementaux,
- privilégiant une complémentarité entre production végétale et animale,
- qui intègre le bien-être animal et vise à son amélioration,
- s’inscrivant dans un projet collectif et partagé, rassemblant les acteurs du territoire ».
Télécharger le document des Parcs
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