Des associations ont dénoncé la reconduction de mesures d’effarouchement desours bruns dans les Pyrénées, peu après la mort par balles d’un de ces animaux protégés, alors qu’une prime pour retrouver le responsable fait polémique. Un appel à la mobilisation pro-ours dans l’Ariège a été lancé.
Les Pyrénées continuent à se déchirer sur le dossier « ours ». Les associations Pays de l’Ours-Adet et Ferus ont estimé dans un communiqué que la récente reconduction d’un arrêté autorisant les effarouchements des plantigrades par des moyens sonores, olfactifs, lumineux ou des tirs non létaux « sonne comme un encouragement aux extrémistes et radicaux dont les nombreux actes illégaux ne sont quasiment jamais traduits devant les tribunaux ». Estimant la mesure « inutile», car son « expérimentation» en 2019 « n’a permis aucune baisse de la prédation», les ONG de défense de l’environnement estiment que « la moindre des précautions aurait été de suspendre ce projet d’arrêté, vus les évènements récents». [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Un ours a en effet été retrouvé la semaine dernière tué par balles en Ariège et l’Etat a annoncé son intention de porter plainte, l’ours étant une espèce protégée. La croissance de la population ursine dans les Pyrénées, après des réintroductions entamées en 1991, alimente depuis des années des tensions avec les éleveurs qui estiment leur présence incompatible avec l’activité pastorale. Le nombre d’ours y atteint désormais les 50 individus, selon les autorités, niveau qui n’assure toutefois pas la survie de l’espèce. Un « plan ours » pour 2018-2028 prévoyant des lâchers d’ours pour renforcer la population dans les Pyrénées avait été enterré par le gouvernement peu après sa mise en place, suite à des manifestations d’éleveurs. En 2019, 1.173 animaux ont été tués par des ours et 36 ruches détruites, selon le projet de nouvel arrêté qui avait été mis en consultation, malgré un avis défavorable du Conseil national de la protection de la nature (CNPN).
Par ailleurs, la Fédération nationale ovine a « vivement condamné» l’offre d’une récompense par l’association Sea Shepherd pour identifier le responsable de la mort de l’ours, dénonçant une pratique « indigne alors que les éleveurs essaient eux de vivre dignement de leur métier». De son côté, Sea Shepherd a annoncé lundi dernier le relèvement de cette récompense de 10.000 à 30.000 euros, indiquant avoir reçu des dons en ce sens depuis son initiative. Ainsi, un sympathisant de l’association domicilié dans les Pyrénées a effectué un don de 5 000 euros, tandis qu’un autre don de 1 000 euros d’un particulier a été perçu. Une association, Natur Miel, implantée à Saint-Gaudens en Haute-Garonne, a souhaité faire un don de 2 000 euros. L’association internationale de sauvegarde de la faune sauvage avait également proposé une prime de 2000 euros.
Des associations de défense des animaux ont par ailleurs appelé à une mobilisation samedi 20 juin à Foix, en Ariège, pour dénoncer « le meurtre infâme» de l’ours. Sea Shepherd figure parmi les signataires de cet appel au côté de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) et du parti animaliste. Le rassemblement est prévu en fin de matinée devant la préfecture d’Ariège, « pour manifester notre colère face à l’incurie d’un Etat qui depuis maintenant des années baisse les bras, voire pire est complaisant et signe des chèques en blanc au monde de l’élevage», mentionne le texte, posté mardi dernier. Dimanche, ces mêmes associations appellent à une « randonnée hommage » à l’ours de 100 kg, retrouvé mort près de la station de ski de Guzet, à 1.800 mètres d’altitude, non loin d’une estive. L’emblématique association pro-ours Pays de l’Ours ne s’est pas associé à cet appel. « Toutes les initiatives respectueuses sont les bienvenues», a toutefois indiqué Alain Reynes, son président.
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