La flore tropicale de la Guadeloupe est menacée. Celle de toute l’Afrique aussi (2 mn)

Photo © Jean-François-Bernard-Comite-francais-uicn

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Une étude et un communiqué révèlent, pour la première, que 32% des espèces de plantes tropicales d’Afrique sont menacées, et pour le second, que plus de 250 espèces de la flore de Guadeloupe sont en danger d’extinction.

Le tiers des espèces de plantes tropicales en Afrique sont probablement ou potentiellement menacées d’extinction, selon une estimation approximative publiée dans la revue Science Advances. La liste de référence, pour les espèces menacées, est la Liste rouge tenue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Mais si cette liste est relativement complète pour les mammifères et les oiseaux, elle est pleine de trous pour les plantes, dont moins de 10% sont évaluées. Le travail de recensement est très fastidieux et consommateur de temps, et il existe plus de 350.000 espèces de plantes sur la planète. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Des chercheurs coordonnés par un botaniste français de l’Institut de recherche pour le développement, Thomas Couvreur, ont contourné ce problème en réalisant une première analyse automatisée du statut de plus de 22.000 plantes vasculaires tropicales africaines, en utilisant les données compilées dans la base Rainbio, tenue par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), une institution française. Le résultat est que 32% des espèces, soit près de 7.000, ont été classées comme probablement ou potentiellement menacées, sur la base de deux critères reconnus par l’UICN et concernant la réduction récente de la taille de la population ou de sa répartition géographique. Les régions les plus exposées sont l’Ethiopie, le centre de la Tanzanie, le sud de la République démocratique du Congo et les forêts d’Afrique de l’Ouest. Cette méthode rapide « est une façon peu coûteuse d’initier le processus d’évaluation de la liste rouge pour un grand nombre d’espèces« , écrivent les chercheurs. Mais « les deux approches sont complémentaires. Un effort international important reste à fournir pour évaluer toutes les espèces de plantes en Afrique« , ajoute Thomas Couvreur dans un communiqué.

De façon plus localisée, l’UICN, à travers son comité français, vient également d’alerter sur le déclin de la flore guadeloupéenne. Le majestueux Courbaril, l’endémique palmier Glouglou ou encore le Gaïac aux fleurs bleues … plus de 250 espèces de la flore de Guadeloupe sont menacées, principalement par la déforestation, selon de nouveaux résultats de la Liste rouge des espèces menacées en France. « Au total, au moins 5 espèces ont déjà disparu, 256 sont menacées et 110 autres sont quasi menacées« , détaille un communiqué conjoint du Comité français de l’UICN et du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), à l’origine de cette enquête sur la flore vasculaire indigène (les arbres, les fougères, les orchidées et d’autres plantes à fleurs..). La Guadeloupe présente un patrimoine naturel extrêmement riche mais fait face à un taux de déforestation particulièrement élevé, le plus fort de tout l’outre-mer, soulignent les institutions pour qui « la destruction, la dégradation et la fragmentation des milieux naturels constituent les principales menaces affectant les espèces végétales« . Le Courbaril, un arbre trouvé surtout en Basse-Terre, est classé « vulnérable« ; le palmier Dendé ou Glouglou et la fougère arborescente Cyathea « en danger critique« . Tous sous l’effet du développement urbain et agricole. D’autres espèces font l’objet d’une « exploitation ciblée pour leurs propriétés ornementales ou médicinales ou pour leur bois » comme le Gaïac, un petit arbre résineux, classé « en danger« . Elles sont aussi menacées par les bovins et les caprins domestiques laissés en liberté. C’est notamment le cas du beau cactus Tête à l’Anglais, classé « en danger critique« . En tout, 15% la flore vasculaire indigène est menacée. « Afin de ne pas voir disparaître des espèces remarquables, un renforcement des protections et le déploiement d’actions ciblées apparaissent essentiels« , écrivent les auteurs de l’enquête.

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