L’organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé vendredi 22 novembre la condamnation par la justice iranienne de six militants écologistes à des peines de prison, pour espionnage au profit des Etats-Unis.
Des peines « de quatre à dix ans » ont été prononcées en première instance par la justice iranienne dans un procès dans lequel comparaissaient huit défenseurs de l’environnement, détenus depuis début 2018, a indiqué l’agence Irna, citant le porte-parole de l’Autorité judiciaire Gholamhossein Esmaïli. « De telles condamnations injustes seraient une nouvelle démonstration de la nature abusive des tribunaux révolutionnaires iraniens« , a critiqué Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient de HRW. Après 20 mois de détention préventive, le tribunal « est allé encore plus loin en condamnant (les militants) à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison, apparemment sans leur permettre de prendre connaissance de toutes les preuves » retenues contre eux, a dénoncé M. Page. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Selon Irna, qui n’a pas précisé à quelle date les peines ont été prononcées, les condamnés ont 20 jours pour faire appel. « Les autorités annoncent le verdict du tribunal alors qu’internet a été coupé, pour cacher une répression vicieuse contre les manifestants iraniens« , a affirmé M. Page, en référence à la coupure d’internet décidée par les autorités après des manifestations et des émeutes déclenchés par l’annonce, le 15 novembre, d’une réforme du mode de subvention de l’essence. Cette réforme est censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s’accompagne d’une très forte hausse du prix à la pompe, dans un contexte de profonde crise économique. Les huit accusés sont liés à une organisation de défense de l’environnement, la Fondation pour la faune persane, qui, selon HRW, a pour mission la protection de la biodiversité et le suivi des espèces menacées. Les chercheurs travaillaient notamment à la sauvegarde du guépard asiatique.
L’avocat Mohammad Hossein Aghassi, qui représente certains des prévenus, a indiqué au quotidien réformateur Charq que Niloufar Bayani et Morad Tahbaz avaient écopé de 10 ans de prison, Taher Ghadirian et Houman Jowkar de huit ans, Amir Hossein Khaléqi et Sépideh Kachani de six ans. Abdolreza Kouhpayeh et Sam Radjabi ont été condamnés respectivement à quatre et six ans de détention. Les verdicts auraient été présentés aux accusés en l’absence de leurs avocats. Arrêté en janvier 2018, le fondateur de la Fondation pour la faune persane, Kavous Seyed Emami est mort en prison le mois suivant, à l’âge de 63 ans. Selon la version officielle, contestée par sa famille, cet universitaire irano-canadien s’est suicidé par pendaison. Les autres scientifiques ont depuis passé presque deux ans en prison.
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