Le Comité français de l’UICN publie une étude sur les enjeux et les risques de la valorisation socio-économique des espèces exotiques envahissantes établies dans les milieux naturels. Verdict : pas si simple. Et pas sans risques…
Les espèces exotiques envahissantes sont à l’origine d’impacts multiples à la fois écologiques, économiques et sanitaires. Ces espèces représentent des sources importantes de difficultés pour les acteurs des territoires qui y sont confrontés : rythme d’introduction croissant, régulation constante et complexe à mettre en œuvre, dépenses publiques associées importantes. Dans certaines situations où elles sont déjà largement établies en milieux naturels, et face aux difficultés de gestion, elles peuvent parfois être envisagées comme des ressources commercialement exploitables : pêche, production de bois, extraction de composés pour l’industrie pharmaceutique, etc. Cette démarche de valorisation socio-économique n’est cependant pas sans risques pour les milieux naturels et soulève de nombreuses interrogations sur ses incidences possibles. Parmi ces questions figurent l’accroissement des risques de dispersion des espèces valorisées ou encore le maintien volontaire des populations de ces espèces dans les sites colonisés lorsqu’elles deviennent un enjeu économique. Conduite dans le cadre du groupe de travail national « Invasions biologiques en milieux aquatiques », coordonné par le Comité français de l’UICN et l’Agence française pour la biodiversité, l’étude montre, à partir de nombreux exemples issus du monde entier, que l’exploitation économique des espèces exotiques envahissantes ne constitue pas la solution miracle aux difficultés de gestion. Alors que des projets de valorisation de ces espèces émergent régulièrement en France, le rapport propose des points de vigilance et un cadre général de réflexion afin d’accompagner toute structure qui serait amenée à émettre un avis sur de tels projets, notamment les services de l’État et des collectivités territoriales. Ces résultats apportent des éléments de réponses dans le cadre des objectifs fixés par la stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes et par le règlement européen sur ce sujet.