Erosion côtière : la dune ou l’épi ? (2 mn)

1760
⏱ Lecture 2 mn.

Une étude conduite par l’UICN montre qu’en matière d’érosion côtière, la gestion et la restauration des cordons dunaires naturels s’avère plus efficace et moins coûteux ques la construction d’infrastructures en dur tels qu’épis et brise-lame.

Préférer les écosystèmes naturels des dunes aux structures en dur, moins efficaces et plus coûteuses dans la lutte contre l’érosion côtière : telles sont les grandes lignes d’un rapport présenté par le comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) au ministère de la Transition écologique et solidaire. L’étude, intitulée « Le service de régulation de l’érosion côtière en Aquitaine », a été réalisée dans le cadre de l’évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese), qui met en lumière les bénéfices socioéconomiques des services écosystémiques, c’est-à-dire des avantages fournis par des écosystèmes fonctionnels, par rapport à la construction d’infrastructures.

La conclusion du rapport est sans appel : « la gestion souple d’écosystèmes sableux constitue une solution peu coûteuse et efficace » pour lutter contre l’érosion du trait de côte. Les auteurs avancent les chiffres d’études réalisées à Lacanau, en Gironde, afin de montrer la disproportion des coûts entre construction d’infrastructures en dur à la durée de vie limitée, et entretien des cordons dunaires existants : ainsi, pour 1,2 km de front de mer de la station balnéaire protégés grâce à du rechargement en sable, le coût est de 250 000 euros par an. La facture est encore plus élevée pour la création de brise-lames, d’enrochements et d’épis, avec des frais de respectivement 55 millions d’euros, 8 millions d’euros et 5 millions d’euros pour 700 m linéaires de front de mer protégé. A l’inverse, gérer les écosystèmes dunaires existants pour protéger naturellement la côte revient en moyenne, en France, à 5,4 euros par an et par mètre linéaire.

Toutefois, l’étude différencie deux types d’espaces : les milieux naturels peu urbanisés et relativement préservés et les milieux urbanisés où les écosystèmes sableux existent peu ou prou. C’est dans ce dernier cas que les infrastructures en dur sont généralement favorisées, dans une optique de protection efficace au court-terme. Mais « ces aménagements font, dans le temps, empirer les phénomènes et induisent des coûts de gestion et d’entretien difficilement soutenables pour les populations riveraines », car ils brisent le fonctionnement des dunes mobiles et les échanges de sédiments. L’étude préconise donc de « mettre en avant une gestion plus naturelle de l’espace côtier en valorisant la restauration d’écosystèmes existants dégradés » pour ces milieux urbanisés. Un effort qui impliquerait la cessation de nombreuses activités balnéaires.

Lire le rapport