En 40 ans, la consommation moyenne annuelle de nourriture des oiseaux marins a diminué de 19%, tandis la capture annuelle moyenne des proies des oiseaux par les pêcheries a augmenté de 59 à 65 millions de tonnes.
Dans les écosystèmes maritimes, la pêche industrielle et les oiseaux marins sont deux importants compétiteurs pour la ressource en poissons, mais les tenants et aboutissants de cette compétition n’avaient jamais été analysés à l’échelle planétaire. C’est désormais chose faite avec une nouvelle étude menée par des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Université de Colombie Britannique (Canada) et de l’Université d’Aberdeen (Ecosse). Ils ont utilisé la base de données sur les oiseaux marins « Sea Around Us » en se focalisant sur la période où la population d’oiseaux marins enregistrée était la plus importante : de 1970 à 2010. C’est également durant cette période que le tonnage de la pêche industrielle a doublé dans le monde. L’analyse a pris en compte 276 espèces d’oiseaux marins réparties en 1482 populations, pour un total d’un milliard d’individus (61% de la population mondiale totale) sur 40 ans. Les résultats : « l’intensification de la pêche industrielle contribue à diminuer la quantité de nourriture disponible pour les oiseaux marins, menaçant de nombreuses espèces dans le monde », indique le CNRS dans un communiqué. Selon l’étude, la consommation moyenne annuelle de nourriture des oiseaux a diminué de 19%, soit de 70 à 57 millions de tonnes entre les périodes 1970-1989 et 1990-2010. Ce déclin s’est d’abord produit dans l’Océan Austral et dans l’Atlantique Nord et a concerné principalement les pétrels, les sternes et les frégates. La consommation de céphalopodes des oiseaux marins a chuté de 31%, tandis que leur consommation en krill a diminué de 21%. EN parallèle, « la capture annuelle moyenne des proies des oiseaux par les pêcheries a augmenté de 59 à 65 millions de tonnes au cours des mêmes périodes », avec notamment un accroissement de 91% des captures de céphalopodes (calamars). D’après le communiqué, « malgré le net déclin de la communauté mondiale des oiseaux marins pendant la période 1970-2010, la pression de compétition exercée par les pêcheries demeure soutenue. Cette compétition a même augmenté dans près de la moitié des océans du monde », notament l’Océan Austral, la Mer Méditerranée, la côte californienne et la Mer de Norvège.