Un loup balte en Lozère ; l’ONCFS « assume ses méthodes » (3 mn)

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La présence d’un loup « n’appartenant pas à la lignée italo-alpine » observée sur le territoire français mais « de lignée balte » a été identifiée en Lozère, annonce vendredi dans un communiqué l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).

Dans le cadre du suivi de la population des loups confié à l’ONCFS, la présence de cet animal a été détectée dans le secteur de la Margeride. « Les analyses génétiques réalisées à partir d’échantillons de poils et d’urine recueillis sur le terrain lors du dernier suivi hivernal laissent présager que cet animal est apparenté à des loups de lignée balte, souligne l’ONCFS, précisant que des analyses complémentaires sont en cours. « Considérant la faible probabilité d’une arrivée naturelle de cet animal sur le territoire lozérien, des recherches sont d’ores et déjà en cours pour en identifier la provenance, poursuit le texte. Parallèlement, l’expertise technique et juridique en cours devrait permettre d’arrêter les modalités de retrait du milieu naturel de cet animal ». Depuis le retour naturel du loup (Canis lupus lupus) sur le territoire national depuis l’Italie, au début des années 1990, le suivi biologique de cette espèce a été confié à l’ONCFS. Les opérations conduites par ses agents et par le réseau que l’établissement public anime permettent de caractériser la progression de la population de loups du point de vue géographique et démographique.

Confronté à des contestations récurrentes sur les informations qu’il diffuse à propos de l’hybridation de la population de loups en France, l’ONCFS précise, dans un communiqué diffusé mardi, qu’il « assume les méthodes avec lesquelles il travaille ».

Depuis le retour du loup en France en 1992, l’Etat a chargé l’Office d’assurer le suivi de la population sauvage. Ces travaux reposent sur la recherche d’indices de présence et de matériel biologique par les 3500 correspondants du réseau Loup-lynx et sur des analyses génétiques à partir des échantillons collectés. A cet effet, l’établissement public a sélectionné le laboratoire Antagene par un processus transparent d’appel d’offre au niveau européen.

Ce laboratoire est reconnu au niveau international sur la génétique des canidés et en particulier sur l’hybridation entre chien et loup. Un premier état des lieux des niveaux d’hybridation en France a été rendu public en septembre 2017. Il confirme l’existence du phénomène d’hybridation à une fréquence faible (sur 120 échantillons exploités, 1,5% relèvent d’une hybridation récente, 6% correspondant à une hybridation plus ancienne). Ce faible taux est par ailleurs cohérent avec ce qui est observé dans d’autres pays européens.

Insatisfait des résultats obtenus par l’établissement public, un collectif d’éleveurs et d’élus a, depuis, mandaté le laboratoire allemand ForGen pour conduire d’autres analyses génétiques sur les loups au moyen de prélèvements sur les carcasses d’animaux domestiques victimes de prédations. Ces résultats annonçaient que près de 80% des échantillons étaient inexploitables et que ceux restants montraient tous – selon ForGen – « un caractère hybride des animaux analysés ».

« Dans un souci de transparence et d’apaisement du débat public, l’ONCFS a donc entrepris en début d’année une démarche de confrontation entre les deux laboratoires Antagene et ForGen pour investiguer conjointement les raisons de ces divergences, indique l’Office. Après plusieurs mois d’échanges entre laboratoires, l’ONCFS fait le constat que le rapportage factuel des divergences de méthodes reste sans suite, et ce malgré les multiples relances de l’établissement public. Alors que l’ensemble des méthodes utilisées par le laboratoire Antagene a été précisément décrit dans son rapport disponible en ligne (voir le communiqué), l’ONCFS n’arrive pas à obtenir de description précise des méthodes d’analyse utilisées par ForGen, de telle sorte qu’il est impossible pour un autre laboratoire de les comprendre en détail et d’éventuellement les reproduire. De même, aucune description précise des résultats obtenus et des modalités d’interprétation n’a pu être obtenue (…). L’ONCFS s’est efforcé d’obtenir du laboratoire ForGen une description précise et reproductible des méthodes employées et des résultats obtenus, conforme aux pratiques en vigueur dans la communauté scientifique internationale. Après six mois d’échanges infructueux, l’ONCFS se voit au regret de constater que ce laboratoire ne souhaite pas qu’il soit possible d’expliquer les divergences de résultat.».

A suivre : la réponse du collectif d’éleveurs et du laboratoire ForGen ?