Accusations de conflit d’intérêts, étude visant à écarter l’option Loire-Atlantique… A quelques semaines de la remise du rapport des médiateurs, les partisans du nouvel aéroport occupent le terrain médiatique.
L’hypothèse d’une extension de l’actuel aéroport de Nantes, étudiée par la mission de médiation gouvernementale sur le projet controversé de son transfert à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), n’est « pas raisonnable » car elle serait « longue et complexe », a estimé lundi la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la région Pays de la Loire.
« Ce n’est pas impossible d’agrandir, mais on repartirait à zéro car la loi sur la biodiversité a changé et s’est complexifiée. On en a pour minimum dix ans », a déclaré à la presse le président de la CCI, Jean-François Gendron, favorable au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. La CCI, qui avait déjà publié en 2015 une étude sur « la difficulté d’étendre l’aéroport de Nantes-Atlantique », situé à proximité de trois zones
Natura 2000, a décidé de la réactualiser en prenant en compte l’évolution de la réglementation environnementale. Financée par la chambre consulaire et confiée au cabinet Ernst & Young, cette réactualisation a été remise dans l’après-midi à deux des trois médiateurs nommés le 1er juin pour débloquer ce dossier enlisé depuis des années. Si l’option d’une extension de l’aéroport actuel était choisie, « une hérésie en terme de développement économique pour M. Gendron, on (partirait) sur un débat public, une enquête publique, une évaluation d’incidence Natura 2000, une évaluation environnementale et une analyse des mesures de compensation de la biodiversité sur ce site », comme ce qui a été fait pour Notre-Dame-des-Landes, a-t-il souligné. Cette « étude sérieuse, faite par un cabinet indépendant, permet de clôturer le dossier d’extension éventuelle de l’aéroport actuel d’une façon claire, nette et précise, à cause des nouvelles lois et à cause du temps que ça prendrait, plus de dix ans pour éventuellement avoir la possibilité de faire une extension, ce qui n’est pas raisonnable », a avancé le président de la CCI.
La semaine dernière, plusieurs collectivités territoriales avaient saisi la Haute autorité pour la transparence de a vie publique, après que les trois médiateurs désignés par le gouvernement eurent confié une expertise sur le bilan carbone du projet au cabinet Carbone 4. « Sans remettre en cause la compétence technique de ce cabinet, écrivent-elles dans leur saisine, la presse a révélé que ses deux dirigeants, associés fondateurs, sont aussi membres de la Fondation pour la Nature et l’Homme créée par le ministre de la transition écologique et solidaire et que l’un d’entre eux s’est vu remettre la Légion d’honneur par le même ministre. Ces deux experts se sont publiquement exprimés par le passé contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ces positions s’inscrivent d’ailleurs en cohérence avec l’action de la Fondation pour la Nature et l’Homme, dont Nicolas Hulot rappelait dans l’éditorial du rapport d’activités 2016 l’engagement contre ce projet. Etant donné la sensibilité du dossier, un doute peut subsister sur ces relations de proximité et l’attribution de ce marché ». Mercredi dernier, c’est le député Yannick Favennec Bécot qui a relayé cette accusation à l’Assemblée nationale en interpellant directement Nicolas Hulot. « Je vous demanderai de faire la démonstration que j’ai en quoi que ce soit participé de près ou de loin, non seulement à la nomination des experts mais à la demande de ces experts de désigner Carbone 4 pour faire cette évaluation sur les émissions de gaz à effet de serre dans les deux projets », a rétorqué le ministre, qui a dénoncé des propos « lourds d’insinuation »
La mission de médiation doit remettre son rapport au plus tard le 1er décembre au Premier ministre Edouard Philippe, qui a promis de trancher avant Noël.