Tous les poissons dans le même filet

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Une nouvelle base de données met à disposition de la communauté scientifique l’ensemble des informations existantes sur la distribution des poissons d’eau douce à l’échelle du globe.

Les poissons d’eau douce possèdent une diversité surprenante : bien qu’occupant seulement 0,02% des habitats aquatiques du globe, ils représentent 40% des 34 000 espèces de poissons connues. Mais ces espèces et leurs milieux subissent la pression de la surpêche, des pollutions et des changements climatiques. Autant de menaces qui rendent primordiaux les travaux des chercheurs, afin d’améliorer notre compréhension de cette biodiversité. Or, par nature, la recherche scientifique ne tend pas à la simplification. Les connaissances sont acquises au fil d’expéditions planétaires, sur plusieurs centaines d’années, et éparpillées sous différentes formes, des bocaux de laboratoires aux livres de bibliothèques, dans plusieurs institutions différentes. Rassembler ce savoir est aujourd’hui problématique, et implique parfois de retourner collecter des éléments déjà connus ! Aussi, deux scientifiques ont créé une base de données centralisant l’ensemble des connaissances sur la répartition spatiale des poissons d’eau douce dans le monde. Cet inventaire exhaustif, qui a nécessité de collecter, compiler et vérifier une myriade de données déjà recensées, contient les listes complètes des espèces de poissons vivant dans 3119 cours d’eau, sur plus de 80% des terres émergées. « Nous avons travaillé par bassin versant, explique le macroécologue Pablo Tedesco. Les informations sur la répartition spatiale des espèces sont toutes issues de résultats scientifiques validés, obtenus par l’analyse de quelques 1 400 sources (ouvrages, articles, sources web, rapports et bases de données régionales) entre 2003 et 2014 ».

Ce travail important fournit donc un nouveau marqueur temporel de l’état des connaissances dulcicoles : la situation des espèces menacées pourra par exemple être réévaluée périodiquement pour les besoins de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en prenant comme date témoin 2014. Cet outil polyvalent fournira également des informations précieuses pour des études en macroécologie, macroévolution, biogéographie et biologie de la conservation des poissons d’eau douce. « Cette vue d’ensemble permet aussi de déceler là où les données manquent, comme en Asie notamment, et de faire des campagnes à bon escient, en fonction des besoins et des hypothèses de recherche », indique l’un des deux initiateurs du projet, Thierry Oberdorff, écologiste des communautés à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Mais le scientifique de rappeler que l’objectif de la base de données est de remplacer, au long terme, les recherches sur des sources documentaires dispersées, comme dans les zones tropicales, ainsi que les expéditions sur des terrains déjà échantillonés.

Pour consulter la base de données