Un scanner au secours de la forêt

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2013
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Peser les arbres sans les couper afin d’en mesurer le volume de carbone : c’est le défi relevé par des scientifiques de l’IRD, qui ont utilisé à cet effet un scanner spécial.

Le dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre en partie responsable du réchauffement de la planète, est stocké en très grande quantité par les arbres des forêts tropicales. A court terme, La préservation de ces dernières constitue un enjeu majeur des accords sur le climat, afin d’éviter que la déforestation ne relâche leur carbone dans l’atmosphère. Ainsi, « la mise en place de mécanismes de compensation financière, à destination des pays tropicaux épargnant leurs forêts, est envisagée par la communauté internationale, explique dans un communiqué l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), dont les scientifiques se penchent sur la question. L’évaluation de la biomasse forestière est donc un enjeu écologique, économique et politique majeur. » Ce suivi de la biomasse se fait d’ordinaire à l’aide d’équations intégrant des observations satellitaires à grande échelle et des données récoltées sur le terrain. Pour cela, les scientifiques doivent abattre et peser tronçon par tronçon des arbres pouvant atteindre 80 tonnes, afin d’en mesurer la quantité réelle de carbone. Mais cette méthode extrêmement fastidieuse pose problème, « car pour une même essence, il y a une certaine variabilité dans la densité et la structure des arbres, en fonction des sites, des sols, des conditions environnementales », indique l’écologue Nicolas Barbier, co-auteur d’une récente étude sur le sujet.

Le chercheur, qui est se spécialise dans la télédétection, a eu l’idée avec ses pairs d’utiliser un scanner Lidar pour évaluer précisément la quantité de carbone contenue dans le tronc, les branches et le feuillage des arbres, sans avoir à les couper. La technique, expérimentée dans les forêts d’Afrique centrale par l’écologue Camerounais Stéphane Momo Takoudjou, permet de mesurer le volume des arbres sur pied en envoyant des milliers de faisceaux lumineux, obtenant ainsi une image en trois dimensions de leur partie aérienne. « Etayée de données sur la densité du bois, cette représentation permet de déduire avec une grande précision le volume de carbone contenu, puis de l’extrapoler à l’échelle de la forêt », conclut l’IRD dans son communiqué. Cette méthode devrait permettre de suivre de façon rigoureuse la biomasse du massif forestier du bassin du Congo, le deuxième au monde, et d’en déduire des mécanismes de compensation adaptés à sa préservation par les Etats concernés.

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