Loup : les associations contre l’abattage ; les éleveurs et leurs brebis dans la rue

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La LPO et FNE ont saisi le Conseil d’État sur la question de l’abattage des loups. Parallèlement, des centaines d’éleveurs ont manifesté à Lyon contre le futur « plan loup ».

Le 21 Septembre dernier, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et France Nature Environnement (FNE) ont saisi le Conseil d’ État pour demander l’annulation de l’arrêté du 18 juillet 2017 autorisant le prélèvement de 40 loups d’ici le 30 juin 2018, soit 4 de plus que la saison passée. « L’État ne tient pas compte des conclusions de l’expertise scientifique du Muséum national d’histoire naturelle et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage rendues en juillet dernier », rapporte Jean-David Abel, le vice-président de FNE, cité dans un communiqué de la LPO. Président de cette dernière association, Allain Bougrain Dubourg, s’alarmant de ce qu’au 25 septembre, 19 loups sur les 40 autorisés étaient déjà abattus, rappelle que « les experts estiment que les méthodes non létales seraient plus efficaces. »

Quelques semaines plus tard, le 9 Octobre, des centaines d’éleveurs accompagnés d’un millier de brebis ont manifesté dans les rues de Lyon contre le futur plan loup, accusé « de donner tous les droits » au prédateur. Entre 1.000 et 1.500 éleveurs selon les organisateurs (550 selon la préfecture) avaient fait le déplacement depuis les départements alpins et du Massif Central, les plus touchés par l’animal. Ils étaient précédés de 1.200 brebis qui avançaient au son des cloches, escortées par plusieurs bergers, donnant aux rues de Lyon des allures d’alpage. Sur une pancarte, un éleveur de Haute-Savoie s’agaçait: « nous ne sommes plus des éleveurs, nous sommes des nourrisseurs d’espèces protégées ». D’autres portaient des tee-shirts avec des photos de brebis éventrées et appelaient à « sauver les alpages ». « Dans le futur plan, les loups ont tous les droits, les brebis aucun », lance Emmanuelle Cazottes, éleveuse venue de l’Aveyron pour manifester contre le prochain plan loup pour la période 2018-2023, en cours de négociations entre syndicats agricoles, associations de protection des animaux et représentants de l’Etat.

Selon Nicolas Merle, président des Jeunes Agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes, il pose deux problèmes majeurs en privilégiant les tirs de défense et d’effarouchement sur l’abattage; et en conditionnant les indemnisations des éleveurs à la mise en place de mesures de protection. Les éleveurs, eux, veulent un plan « qui permette zéro attaque sur les troupeaux », ajoute-t-il. En 2016, plus de 10.000 bêtes ont été tuées face à une population de loups en constante augmentation depuis son retour en France par l’Italie au début des années 90 (360 loups, soit + 22% en un an). En août, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, avait appelé à « sortir de l’approche comptable du nombre de prélèvements mensuels, qui embrase le débat public chaque année ». Ce nouveau plan, en cours d’élaboration par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) d’Auvergne Rhône-Alpes, chargée du dossier au niveau national, était au programme d’une nouvelle réunion mardi en préfecture de Lyon mais elle a été annulée sine die. Les représentants des éleveurs avaient claqué la porte de la précédente en septembre. Une poignée de parlementaires devraient par ailleurs être reçus à l’Élysée sur le sujet le 8 novembre, selon Emilie Bonnivard, députée LR de la Savoie, présente dans le cortège.