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Une étude internationale s’alarme de la santé des écosystèmes méditerranéens ; l’UE s’engage sur 10 ans pour « sauver » les stocks halieutiques

Le bassin méditerranéen a perdu 34 à 41% de ses espèces marines en 70 ans. L’UE a réagi en promettant de combattre la pêche illégale et la surpêche, et Ségolène Royal a conforté les mesures de protection du sanctuaire Pélagos avec Monaco et l’Italie.

La Mer Méditerranée et l’évolution de sa biodiversité sont mal connues, notamment à cause d’un déficit d’informations pour les années 1950 et 1960. Des scientifiques de France, d’Italie, d’Espagne et du Canada ont remédié au problème en rassemblant toutes les données disponibles sur l’ensemble du bassin – jusqu’à la mer Noire – puis en concevant un modèle numérique. L’état des lieux est sans appel : « La mer Méditerranée ne va pas très bien, explique la biologiste marine Marta Coll, cosignataire l’étude, dont les résultats sont publiés dans la revue Nature. C’est un concentré de problèmes notamment en termes de surexploitation, de changement climatique et de pollutions ». Ainsi l’abondance des espèces de poissons commerciaux et non commerciaux a diminué de 34 % en une cinquantaine d’années, et les effectifs des prédateurs supérieurs, de 40 %. Quant aux mammifères marins, leur nombre a chuté de 41 % sur la même période.

La mer Méditerranée subit une intense pression anthropique. Ainsi plus de 300.000 personnes sont employées dans la flotte de pêche méditerranéenne, majoritairement composée de petits bateaux. Mais l’étude souligne particulièrement le rôle du changement climatique, auquel la Méditerranée serait encore plus sensible qu’à la pêche. Il est entre autres à l’origine d’une diminution importance de la biomasse planctonique, impactant tous les stocks de poissons prédateurs. Outre la biodiversité, l’étude affirme donc que « la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la stabilité et la sécurité régionales sont menacées »

Dans le même temps, comme un pied de nez à ces conclusions, l’Union européenne et sept pays de la Méditerranée se sont engagés pour les dix prochaines années à suivre de près l’évolution des stocks de poissons, fortement menacés dans ces eaux appauvries par la surpêche et le dérèglement climatique. « Après des mois de négociations, la Commission européenne a sécurisé aujourd’hui un engagement sur 10 ans pour sauver les stocks de poissons en Méditerranée et protéger la richesse économique et écologique de la région », a annoncé l’exécutif européen dans un communiqué. La Déclaration de Malte dite « MedFish4Ever » a été signée, lors d’une conférence ministérielle à La Valette, par la Commission européenne, huit Etats membres côtiers de l’UE (Espagne, France, Italie, Malte, Slovénie, Croatie, Grèce, Chypre) et sept pays tiers (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Turquie, Albanie, Monténégro). La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (GFCM) et le Parlement européen ont par ailleurs participé à la conférence de Malte. « J’espère que cette déclaration sera perçue à l’avenir comme un tournant », a commenté Karmenu Vella, le commissaire européen à la Pêche, alors que le stock halieutique de la Méditerranée est en grand danger – on l’estime surexploité à 90%.

Les signataires s’engagent à s’assurer que d’ici 2020 les principaux stocks de poissons soient régulièrement évalués de manière précise et scientifique. Ils devront également établir « un plan de gestion pluriannuel pour toutes les zones de pêche-clé » et « éliminer la pêche illégale » d’ici 2020 également. Enfin, ils s’engagent à soutenir financièrement des projets locaux de pêche durable (engins de pêche à « faible incidence », participation des pêcheurs à la protection de l’environnement, etc).

De son côté, la Ministre de l’environnement Ségolène Royal a participé le 3 avril, à l’invitation du Prince Albert de Monaco, à la conférence « Monaco Blue Initiative », pour apporter le partenariat et l’appui de la France à de nouvelles actions concernant la Méditerranée. Avec les représentants italiens, ils ont signé la relance de l’Accord Pelagos pour la protection des cétacés dans le sanctuaire éponyme. Par ailleurs, la première étape de la création d’une zone « basses émissions des navires en Méditerranée » a été amorcée, notamment dans le but de réduire la teneur en soufre des combustibles marins à 0,1% contre 0,5% en 2020. Enfin, un moratoire sur la recherche d’hydrocarbures en Méditerranée, étendu à la façade atlantique de la métropole française, a été prononcé.

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