Nicolas Hulot a confirmé mardi le très controversé projet de contournement autoroutier de Strasbourg, mais a demandé de le « retravailler » en raison de ses effets sur la biodiversité et a ordonné de suspendre temporairement une opération de déboisement.
« Le dossier souffre de nombreuses imperfections en matière d’évitement, de réduction et de compensation des effets du projet sur la biodiversité et doit donc être sérieusement retravaillé en ce sens », a expliqué le ministre de la Transition Écologique dans un communiqué co-signé par la ministre des Transports Elisabeth Borne. Le nouveau dossier devra être à nouveau soumis prochainement au Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN). « En conséquence, les ministres ont décidé de suspendre l’opération de déboisement nécessaire aux travaux préparatoires, tant que ce nouvel avis du CNPN n’aura été rendu », précise le communiqué. Le projet présenté par Arcos, filiale de Vinci et concessionnaire du projet GCO (« Grand contournement Ouest » de Strasbourg) avait reçu un avis négatif de la part des experts du CNPN en juillet. La construction de la rocade devait débuter au 1er trimestre 2018 pour une mise en service en 2020. « Ce délai ne met nullement en cause la réalisation du projet, assurent les deux ministres. Le retard est essentiellement imputable à une mauvaise qualité des compensations écologiques prévues », ont-ils expliqué.
Le projet GCO -évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d’être relancé à la fin des années 1990- a pour but de délester l’autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l’Alsace. La construction de cette rocade de 24 km, essentiellement payante, entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d’espèces protégées, dont le grand hamster d’Alsace, estiment les détracteurs du projet. Le 30 septembre dernier, plus de 2.000 manifestants ont défilé à Strasbourg pour dénoncer un projet « inutile » et « dévastateur » pour l’environnement et demander au ministère de la Transition Écologique et Solidaire l’abandon du GCO. Dans leur communiqué conjoint, les deux ministres confirment que « l’État respectera les termes du contrat relatif au contournement ouest de Strasbourg , chantier de 550 millions d’euros concédé à Arcos début 2016, mais jugent que cette suspension va donner au projet « le délai nécessaire pour se concrétiser dans de meilleures conditions ».