Alain Moyne-Bressand, président du « Comité parlementaire de suivi du risque ambroisie et autres espèces invasives », appelle le Gouvernement à définir clairement la notion même d’invasif.
Après avoir participé à la consultation publique sur le projet de décret relatif à la lutte contre les espèces animales et végétales dont la prolifération est nuisible à la santé humaine, le comité parlementaire en vient à remettre en cause la définition même d’une « espèce invasive ». « La définition de l’invasif entrave et mine nos efforts, écrivent les 19 député et 3 sénateurs (presque tous originaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes) qui composent le comité. Ne plus considérer une plante comme invasive dès lors qu’elle a colonisé une grande partie du territoire, c’est annihiler la lutte contre ces espèces invasives. Malheureusement, c’est ce qui se passe avec la renouée du Japon, présente aujourd’hui sur l’ensemble du territoire français. »
Pour autant, les parlementaires ne proposent pas eux-mêmes de définition plus adéquate! Ils réclament en revanche que 6 espèces invasives soient notamment intégrées dans le décret d’application de la loi santé :
- L’ ambroisie (déjà intégrée au projet de décret), dont le pollen est abondant et fortement allergisant. Il provoque des rhumes aux symptômes prononcés, des rhinites, de la conjonctivite, des symptômes respiratoires tels que la trachéite, de la toux, de l’urticaire ou de l’eczéma et apparition ou aggravation d’asthme ;
- Le datura, une plante hautement toxique pour l’Homme dont le développement devient préoccupant. Ses graines contiennent des alcaloïdes qui, même en très faible quantité, peuvent provoquer des troubles hépatiques, nerveux et sanguins (par exemple, sécheresse de la bouche, pupilles dilatées, troubles de la vue, tachycardie, agitation, confusion, désorientation spatio-temporelle, hallucinations, paroles incohérentes…) ;
- La berce du Caucase, qui provoque de graves brûlures sur la peau par simple contact avec sa sève. Bien que le contact soit sans douleur, les toxines qu’elle contient sont activées par la lumière (rayons UV) et rendent la peau extrêmement sensible au soleil, causant des dommages aux cellules cutanées superficielles, caractérisées par la présence d’érythème et d’œdème locaux. Très compétitive, la berce du Caucase se développe au détriment d’autres espèces végétales et favorise également l’érosion des berges ;
- La jussie, qui contribue à la diminution de la biodiversité tant végétale qu’animale. Sa prolifération provoque une modification profonde du fonctionnement des écosystèmes aquatiques et de leurs équilibres biologiques.
- La renouée du Japon, qui colonise les bords de routes et les berges des cours d’eau. Dotée d’une forte capacité d’adaptation, elle est une redoutable concurrente pour les autres espèces végétales sauvages ou domestiques et menace la diversité de certaines espèces de vertébrés et invertébrés ;
- L’orobanche, une plante parasite et « perverse » qui attaque la biodiversité. Elle parasite les grandes cultures et les cultures légumières : haricot, tomate, tournesol, colza, chanvre, pomme de terre, etc. sont menacés.