La fourmi jardinière

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Au cœur de la forêt amazonienne, la fourmi Myrmelachista schumanni façonne des parcelles uniquement composées de l’arbre où elle niche !

Chez les fourmis dites « mutualistes », chacune possède sa méthode pour vivre en harmonie avec sa plante hôte. Myrmelachista schumanni fait table rase autour de l’arbre où elle niche, Duroia hirsuta, empoisonnant à l’acide formique – un puissant herbicide – tout ce qui ne ressemble pas de près ou de loin à Duroia hirsuta . Elle forme ainsi des parcelles entièrement constituées de ces petits arbres, surnommées « jardins du

Diable» par les populations locales qui les attribuent au Malin, et façonne ainsi son propre Éden au milieu de la forêt amazonienne.

Une étude réalisée notamment par des chercheurs de l’IRD et publiée dans The American Naturalist montre un incontestable bénéfice pour la plante de la présence de la petite fourmi. D’après ces travaux, les plants de Duroia hirsuta situés dans les îlots monospécifiques poussent deux fois plus vite que les pieds isolés sous la canopée. Myrmelachista schumanni joue un rôle particulièrement important au moment de la mise en place du « jardin », éliminant la concurrence des autres végétaux, réduisant la mortalité et la compétition entre les jeunes plants, qui bénéficient alors de plus de lumière. Elle améliore aussi les chances de survie des arbres, grâce à son comportement agressif contre les insectes herbivores. Ces résultats contredisent ainsi de précédentes études, qui suggéraient que les zones de « monoculture » étaient plus vulnérables aux attaques de ces derniers.

Références de l’article : Selene Báez, David Donoso, Simon Queenborough, Liliana Jaramillo, Renato Valencia, Olivier Dangles. Ant Mutualism Increases Long-Term Growth and Survival of a Common Amazonian Tree, The American Naturalist , 2016, doi/10.1086/688401