Deux millions, et après ?

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La pétition contre la funeste loi Duplomp a explosé tous les compteurs, et franchi ce lundi à l’aube le cap symbolique des 2 millions de signataires. Jouez hautbois, résonnez musettes ! Pour tous celles et ceux qui se soucient de la santé du monde vivant (dont nous ne sommes qu’une composante), c’est une formidable nouvelle. A saluer avec d’autant plus de liesse que dans le trumpisme ambiant, les bonnes nouvelles ne sont pas légion.

Et maintenant, on fait quoi ? Ce succès inédit agit comme un puissant télescope qui met en évidence le trou noir démocratique où nous avons basculé. Il faut 500 000 signatures pour que l’Assemblée nationale puisse organiser un débat. Pas un vote, juste un débat, sans enjeu autre que l’échange d’arguments (et sans doute d’invectives). A 2 millions, va-t-on organiser quatre débats inutiles et insusceptibles de revenir sur la loi votée, en réponse à une pétition qui exige explicitement l’abrogation immédiate de cette loi ? Il y a quelques mois, les vandales de la FNSEA avaient -en toute impunité- retourné des panneaux routiers pour signifier qu’on marche sur la tête. Force est de reconnaître qu’ils n’avaient pas complètement tort…

Dans un abus de pouvoir injustement passé inaperçu, la marionnette de la FNSEA qui porte le titre de ministre de l’Agriculture, Mme Genevard, a d’ores et déjà fait savoir que « la loi sera promulguée de toute façon » (quelqu’un pourrait-il se dévouer pour lui rappeler que seul le président de la République peut en décider ?). Dès lors, à quoi bon débattre ?

Le Conseil constitutionnel pourrait arranger tout le monde en relevant que, tant par son contenu que par la procédure de son adoption, cette loi piétine un grand nombre de règles et de principes constitutionnels. Mais outre que le Conseil ne sert pas à rendre service (mais à rendre des arrêts juridiquement motivés), il y a bien longtemps qu’il se garde de faire preuve d’indépendance vis-à-vis de l’exécutif.

Seul, le président de la République peut nous épargner un Titanic démocratique et sanitaire en demandant au Parlement une nouvelle délibération, comme il en a le pouvoir. C’est le souhait de 64 % des Français-e-s, selon un sondage (Cluster 17) publié dans La Tribune dimanche. Mais osera-t-il fâcher Mme Genevard et ses complices ? Voilà un pari qui devrait animer les tablées estivales, à l’heure du spritz ou de la mauresque…

PS – Et maintenant, les médecins ! Le très sérieux Ordre national des médecins, peu suspect d’éco-terrorisme, a publié un communiqué cinglant pour torpiller à son tour la loi Duplomb, estimant que « sur le plan médical (…) le doute n’est pas raisonnable » et déplorant « l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions ».