« Ce message s’auto-détruira dans 5 secondes »… Ainsi se terminait la tirade culte de Mission : Impossible.
Mais ça, c’était dans les années 80, autant dire à la Préhistoire. Depuis, on a fait beaucoup mieux : la phrase qui s’autodétruit au moment même où elle est écrite. Étonnant, non ? Tenez, par exemple : « La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche-Orient après l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités. » C’est l’introduction d’une tribune d’Emmanuel Macron parue dans Le Monde du 29 décembre.
« Notre » biodiversité ? Comment ça, la « nôtre » ? La nôtre à nous, Français exempts du sang impur de tous les immigrés qui font rien qu’à venir nous grand-remplacer ? Une biodiversité encagée dans « nos » frontières hexagonales (élargie toutefois aux reliquats de « notre » empire colonial) ? En voilà une belle biodiversité, où les douaniers interceptent les oiseaux migrateurs, où les vents sont priés de ne pas transporter de graines de végétaux venus de contrées allogènes.
A moins que du haut de son Olympe, Jupiter ne voie « notre » biodiversité comme celle de toute l’humanité. Dans cette hypothèse, une espèce -la nôtre- s’approprierait donc la totalité du Vivant, oubliant qu’elle n’est qu’une espèce parmi des milliers d’autres, et que si ses capacités particulières lui confèrent des responsabilités éminentes, elles ne lui octroient en rien un quelconque droit de propriété sur les autres. C’est du reste cette vision de l’humain comme « maître et possesseur de la nature » (merci, Descartes !) qui a conduit à l’effondrement de la biodiversité que le président de la République déplore quand il en a le temps, entre un Nième 49-3, une loi dictée par l’extrême-droite et un remaniement calamiteux.
Avez-vous remarqué ? Dans la rhétorique présidentielle, il est question de « notre » biodiversité, mais de « la » pauvreté et « des » inégalités. La vivant, c’est à nous, mais les millions de Français qui ne parviennent plus à se nourrir correctement alors que les revenus des milliardaires explosent tous les records, là on n’y est pour rien.
Votre mission, si toutefois vous décidez de l’accepter : faire comprendre au néo-boomer qui trône à l’Elysée ce que professait en son temps Albert Einstein : « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».