Les bonnes nouvelles arrivent parfois d’où on les attendrait le moins… C’est un député Les Républicains, Antoine Vermorel-Marques, qui vient de déposer une proposition de loi visant à entraver le déferlement obscène de la « fast-fashion » : la mode des vêtements à vil prix mais au coût environnemental et social monstrueux. La mode du T-shirt ou de la petite jupe sitôt portés, sitôt jetés. La mode produite par des esclaves bangladais ou pakistanais « payés » 1/3 ou ½ de dollar de l’heure.
L’industrie de l’habillement, ce sont 4 milliards de tonnes de CO2qui s’accumulent chaque année dans l’atmosphère, c’est-à-dire plus que les émissions de tous les vols internationaux et de tout le trafic maritime réunis. Ce sont 240 000 tonnes de micro-particules plastiques rejetées dans l’eau, et de là dans les océans, au fil des lavages en machine : l’équivalent de 24 milliards de bouteilles en plastique. Vous préférez les fibres végétales ? La culture du coton est la principale utilisatrice de pesticides au monde, avec tous les effets délétères que cela comporte pour la biodiversité. Elle nécessite en outre d’énormes quantités d’eau : l’adorable petit T-shirt à 4 €, c’est l’équivalent de 70 douches. Les teintes pimpantes de nos atours ? On les doit aux colorants azoïques, aux éthoxylates de nonylphénol (NPE) nécessaires pour fixer les couleurs, aux phtalates (pour les éléments en plastique), et au formaldéhyde (cancérigène…) pour les vêtements sans repassage. Et comme il se doit, lavage après lavage, toutes ces gâteries se retrouvent à leur tour dans les rivières, puis dans la mer. 20 % de la pollution des eaux dans le monde est ainsi imputée à la teinture et au traitement des textiles. Ah, et bien sûr il y a le transport : dans « fast-fashion » il y a « fast ». Donc, avion…
Tout cela pour finir plus vite encore dans une poubelle ou au fond d’un placard : dans le monde, le débarras d’habits encore portables est estimé à 460 milliards de dollars (une fois et demi le budget de l’État français) !
L’idée de M. Vermorel-Marques a le mérite de la simplicité : « Démoder la fast fashion avec un système de bonus-malus ». Il souhaite instaurer une pénalité d’un montant de 5 euros sur tous les produits estampillés « fast fashion », et rééquilibrer ainsi la concurrence avec les marques qui produisent en Europe des vêtements écologiquement soutenables et socialement équitables.
Voilà un texte prêt-à-voter : il sera intéressant de voir si un parti ose s’y opposer, et au nom de quels arguments…