Comme si vous y étiez… Enfin, presque. Toute la semaine prochaine, de mardi 22 à samedi 26 août, Infonature.media vous emmène au festival Agir pour le Vivant, dont la quatrième édition se tient à Arles. Chaque matin : un retour sur la journée de la veille, une analyse de la thématique du jour, le programme de la journée, des comptes-rendus et des entretiens.
L’Univers sans l’homme : c’est le titre -un peu dérangeant, tout de même…- d’une exposition qui se tient jusqu’au 17 septembre au musée d’art et d’archéologie de Valence. Prophétique ? Prémonitoire ? Cynique ? Résigné ? Ou un peu tout ça à la fois ? Après tout, si des espèces disparaissent chaque jour, pourquoi la nôtre bénéficierait-elle d’une assurance d’immortalité ?
Jusqu’ici, au moins dans nos cultures monothéistes, la réponse était assez simple et rassurante : Dieu ayant bien voulu nous créer à son image, notre sort ne pouvait être assimilé à celui d’aucune autre espèce. La fable ayant pris un sérieux coup dans l’aile, la question de notre place au sein du vivant nous est renvoyée en pleine figure…
Cette question -assez fondamentale, vous en conviendrez- le festival Agir pour le Vivant l’examine chaque année depuis 2020 à Arles, où siègent les éditions Actes Sud qui en ont pris l’initiative.
Pendant une semaine, Agir pour le Vivant s’organise autour de trois axes:
Penser le vivant
Favoriser les rencontres et les réflexions pour dessiner une société du vivant, en faisant dialoguer les disciplines et en mêlant auteurs, philosophes, chercheurs, économistes, militants, politiques et dirigeants d’entreprises… Concrètement : des conférences, des débats, des tables rondes, des formats plus intimes avec “un café avec…” etc.
La Fabrique de l’action pour le vivant
Réunir les acteurs du territoire ; les entreprises et les citoyens pour faire émerger de nouvelles méthodologies d’actions pour le vivant en multipliant les temps de travail et d’expérimentations. Une contribution à la recherche des moyens d’agir associant expériences scientifiques et littéraires tout au long de l’année.
Concrètement : des ateliers entreprises, des résidences de travail avec les partenaires, des résidences d’écriture et de création, des ateliers découverte pour le grand public.
Célébrer le vivant
En favorisant l’émergence de nouveaux imaginaires et de nouveaux formats afin de sensibiliser le plus grand nombre et notamment en mobilisant des artistes, auteurs, étudiants, activistes et les voix qui renouvellent les approches sur ces sujets.
Concrètement : des soirées et des spectacles, des performances, des expositions, des projections (films et documentaires), etc.
L’actualité de cette année rend encore plus urgente la réflexion et la production de discours structurés et intelligibles sur notre relation au vivant. Partout en Europe, les forces mortifères se structurent et gagnent des parts de marché. En Espagne, l’alliance de l’extrême-droite (Vox) et de la droite extrême (le Partido Popular) est aux portes du pouvoir avec un discours fustigeant les lanceurs d’alerte écologique, caricaturée en « climato-fanatiques ». Créé il y a moins de quatre ans, le « mouvement agriculteur-citoyen » BBB a largement remporté en mars les élections provinciales, avec un programme ouvertement éco-négationniste, basé sur la défense frénétique de l’agro-industrie. Le BBB sera bientôt le premier parti du Sénat néerlandais. En Grande-Bretagne, le gouvernement conservateur de Rishi Sunak démantèle les politiques de limitation des émissions de gaz à effet de serre, et relance la prospection pétrolière. En France, la droite macroniste détricote méthodiquement le Code de l’environnement tout en prônant face à la crise écologique, comme le Rassemblement national, un techno-solutionnisme auquel pas un scientifique n’adhère. Et ne connait qu’un terme pour désigner les défenseurs du vivant : tous des « éco-teroristes » !
Il serait déprimant -et pas très utile- de continuer… Ce qui se dessine sous nos yeux, c’est un affrontement entre ces mouvements réactionnaires organisés, structurés, capables de prendre et d’exercer le pouvoir, et une mouvance de défenseurs du vivant nombreux certes, mais dispersés, inorganisés, et qui peinent à élaborer un discours porteur d’un avenir désirable. La dissolution arbitraire des Soulèvements de la Terre n’est qu’un épisode de cet affrontement.
Dans ce contexte, l’ardente nécessité de lieux tels qu’Agir pour le Vivant ne fait aucun doute. C’est la raison pour laquelle toute la semaine prochaine Infonature.media vous fera vivre au jour le jour ce temps fort de réflexion et d’action.