Marivaudages…

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Les salariés de la culture sont de mauvaise foi quand ils prétendent que toutes les salles de spectacle seraient abusivement fermées en raison des conditions sanitaires. Il en est au moins une qui ne connaît pas de relâche, et qui donne sans désemparer une pièce de haute volée, où le comique inaltérable des acteurs vient souligner avec brio le tragique du propos.

Ce théâtre est celui où se produit la Commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi « Climat et résilience ». Sans spoiler l’intrigue, revenons sur l’une des scènes les plus cocasses. L’acteur qui joue le rôle principal (le gouvernement) prétend introduire un « délit d’écocide ». Evidemment, les détracteurs du projet donnent de la voix, qui pour le juger trop timoré, qui à l’inverse pour s’inquiéter des entraves qu’il pourrait générer à la liberté de s’enrichir en détruisant la nature. Pour complaire à ces derniers, l’acteur invente alors un concept totalement innovant : la double intentionnalité. L’idée : pour encourir une (légère) réprimande pénale, un pourrisseur d’écosystème devra avoir enfreint intentionnellement une disposition du code de l’environnement, « tout en ayant conscience du caractère grave des pollutions induites par les faits ». La charge de prouver de cette double intentionnalité incombant à l’accusation, quel procureur -déjà surchargé de dossiers- ira poursuivre un délinquant sur des bases aussi fragiles ?

Avec sa Double inconstance Marivaux peut aller se rhabiller… Pour la prochaine soirée des Molières, c’est plié : les intermittents de la responsabilité et de la dignité qui siègent à la Commission ne laisseront à ceux du spectacle que quelques miettes de gloire.