Opération restauration des populations de tamarins dans la forêt Atlantique du Brésil

Photo d'illustration ©Alan Hill - Wikimedia - Creative Commons 2.0

1964
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Publiée dans la revue Royal Society Open Science, une étude décrit les travaux réalisés dans la région de Pontal do Paranapanema, dans l’État brésilien de São Paulo, afin de restaurer la population du Tamarin-lion à croupe dorée, une espèce classée en danger sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Des activités de conservation ont commencé il y a 35 ans dans la région dégradée de Pontal do Paranapanema, dans l’État brésilien de São Paulo. Les travaux, relatés dans une étude publiée dans la revue Royal Society Open Science ont commencé par un projet de recherche sur l’écologie du tamarin-lion à croupe dorée (Leontopithecus chrysopygus), une espèce classée en danger sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Ils se sont ensuite transformés en un projet de restauration active réalisé par des centaines de familles ayant colonisé la région.

Le Pontal do Paranapanema (Pontal) contient une forêt saisonnière semi-décidue (caractérisées par une chute partielle des feuilles en saison sèche), l’un des types de forêts les plus menacés de la forêt atlantique intérieure du Brésil. Cette zone abrite une riche biodiversité, notamment des pumas, des jaguars, des ocelots, des pécaris à lèvres blanches et des aras bleus et jaunes. Les auteurs racontent que la majeure partie de la forêt est restée intacte jusqu’à la fin des années 1940, lorsqu’une vague de colonisation – encouragée par le gouvernement brésilien – a entraîné une déforestation généralisée. Les colons ont coupé et brûlé les forêts pour les remplacer par des ranchs de bétail, détruisant au passage plus de 80 % de la réserve du Grand Pontal. Le tamarin-lion à croupe dorée a été considéré comme éteint pendant 65 ans jusqu’à ce qu’il soit redécouvert en 1970 dans le parc d’État de Morro do Diabo, dans le Pontal.

« Plutôt que de considérer les colons comme une menace, une organisation non gouvernementale a vu le jour pour répondre à leurs besoins, en leur proposant des formations et en soutenant leurs moyens de subsistance », expliquent les auteurs de l’étude. L’Institut de recherche écologique (IPÊ) a ainsi donné la priorité aux besoins des communautés rurales en s’engageant avec elles à reboiser certaines parties de leurs exploitations afin de créer un réseau de corridors forestiers. Les corridors forestiers représentent des liens entre des habitats forestiers de grande valeur écologique dans un territoire où la faune et la flore y vivent et se dispersent, assurant ainsi le maintien de la biodiversité. En trois décennies, l’initiative a permis de planter plus de 2,7 millions de semis sur 6 000 hectares, alimentant un commerce florissant de semis d’arbres, géré en grande partie par des femmes et fournissant des revenus et des emplois supplémentaires à la communauté. Les auteurs ont constaté une amélioration du statut de conservation du tamarin-lion noir, qui est désormais considéré « seulement » comme une espèce en danger.

Dans les zones où il n’est pas possible de créer des corridors d’arbres, les propriétaires fonciers font pousser des parcelles agroforestières qui servent aux animaux sauvages se déplaçant dans le paysage. À ce jour, l’IPÊ et ses partenaires ont restauré environ 3 000 hectares de forêt à Pontal do Paranapanema, dont 2 100 hectares dans le corridor forestier principal, 800 hectares dans sept corridors plus petits et 100 forêts agroforestières sur des propriétés rurales. Le plus grand corridor s’étend sur 20 kilomètres et relie le parc de Morro do Diabo et la station écologique du tamarin-lion à face noir, fournissant un habitat et des ressources essentielles aux primates. Grâce à ces efforts, les populations de tamarins se reconstituent.

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