Notre système alimentaire actuel est structuré pour stimuler la demande en nourriture et pour y répondre à moindre coût. Malheureusement, ce système n’est pas sans risque pour la biodiversité. D’après un rapport du groupe de réflexion Chatham House, « sans changement de notre système alimentaire, la perte de biodiversité va s’accélérer et menacer notre capacité à subvenir à nos besoins ».
Au cours des 50 dernières années, la conversion des écosystèmes naturels vers des terres agricoles a été la principale cause de la perte d’habitats, contribuant à la perte de la biodiversité. Un récent rapport du groupe de réflexion sur les affaires internationales Chatham House explique l’importance de se tourner vers une alimentation végétale pour préserver la biodiversité. « L’agriculture est la principale menace pour 86 % des 28 000 espèces connues comme étant en danger d’extinction », indique l’ONG dans son rapport.
Le groupe de réflexion explique que notre système alimentaire a été façonné au cours des dernières décennies par le paradigme de la « nourriture moins chère » qui consiste à produire plus mais à moindre coût. Seulement, cette structure conduit à une intensification de la production agricole qui dégrade les sols et les écosystèmes. Ce phénomène réduit la capacité de production des terres ce qui nécessite une exploitation plus intensive de la production alimentaire à l’aide de produits phytosanitaires. Cela permet de répondre à une demande toujours plus grande des consommateurs mais conduit à une perte de la biodiversité. Chatham House ajoute qu’« en tant que contributeur majeur aux émissions de gaz à effet de serre, notre système alimentaire est également à l’origine du changement climatique qui dégrade davantage les habitats et engendre une dispersion des espèces vers d’autres espaces ». En retour, cela met en contact de nouvelles espèces avec des espèces naturellement présentes dans la zone en question, créant une compétition entre ces deux catégories et favorisant ainsi l’émergence de maladies infectieuses.
La conversion des écosystèmes naturels vers des terres agricoles représente 80 % des changements d’utilisation des terres dans le monde. Les espaces sont convertis pour produire des aliments destinés à la consommation humaine, à l’alimentation des animaux d’élevage ou à la création de pâturages. En conséquence, les habitats des animaux sauvages, des plantes et autres organismes comme les champignons sont perdus. Le changement d’utilisation des terres entraîne toujours un coût pour la biodiversité. Sur certains espaces, les animaux d’élevage dominent et consomment les ressources ce qui en fait moins pour la faune sauvage. De plus, le maintien des habitats gérés par l’être humain peut entraîner une perte directe de la faune sauvage notamment lorsqu’elle est tuée en faveur de la protection des animaux d’élevage pour éviter la prédation ou les maladies.
Le rapport soutenu par le programme des Nations Unies pour l’environnement, propose trois solutions pour inverser la tendance destructrice de notre système alimentaire sur la biodiversité. La première : un passage vers des régimes alimentaires à base de végétaux car ce sont les bovins, les ovins et autres animaux d’élevage qui ont le plus d’impact sur l’environnement. « Plus de 80 % des terres agricoles mondiales sont utilisées pour l’élevage qui ne fournit que 18 % des calories consommées », indique le document. Réduire la consommation de viande permettrait de stopper le défrichage de nouvelles terres et de nuire davantage à la faune sauvage. Cela dégagerait aussi le terrain pour la deuxième solution qui est de restaurer les écosystèmes pour accroître la biodiversité. Enfin, la disponibilité des terres offrirait la possibilité de pratiquer une agriculture moins intensive et moins dommageable avec des rendements plus faibles mais capables de satisfaire la demande.