L’Organisation non-gouvernementale Global Witness a publié un nouveau rapport dévoilant que les géants Américains Archer Daniels Midland (ADM) et Bunge achètent de l’huile de palme à des usines en Indonésie notoirement liées à des violations des droits de l’homme et à des destructions de l’environnement.
Les deux multinationales américaines sont accusées d’acheter de l’huile de palme à des usines en Indonésie qui sont publiquement liées à des violations des droits de l’homme et à des destructions de l’environnement. Les deux entreprises sont des acteurs majeurs de l’industrie mondiale de l’huile de palme. ADM est l’un des principaux actionnaires de Wilmar International Limited, le plus grand négociant d’huile de palme au monde, tandis que Bunge détient 70 % des parts du géant de l’industrie IOI Loders Croklaan.
Au total, Global Witness a identifié 658 usines qui vendent de l’huile de palme aux deux géants mais a choisi d’examiner 330 d’entre elles sélectionnées au hasard. L’ONG londonienne révèle dans son rapport que sur 330 usines échantillonnées qui approvisionnent à la fois ADM et Bunge, 129 ont été accusées de violer les droits fonciers des communautés locales, de criminaliser ou d’attaquer les défenseurs et/ou de causer de graves dégradations de l’environnement. Elle a constaté que la majorité de ces allégations provenaient des cinq dernières années et que 17% des usines avaient des conflits actifs et en cours en 2019 et 2020. Neuf de ces conflits duraient depuis une décennie ou plus et ont fait l’objet de nombreux articles de presse. De plus, 26% des usines échantillonnées ont été accusées par les communautés locales d’avoir saisi leurs terres. Dans huit de ces cas, il a été explicitement rapporté que les communautés avaient été expulsées de leurs terres. Selon le rapport, le nombre réel d’expulsions non signalées pourrait être plus élevé.
Global Witness a également relevé des cas où des défenseurs des terres et de l’environnement ayant soulevé des problèmes avec les usines impliquées dans les conflits auraient été criminalisés ou poursuivis : ils auraient été arrêtés, jugés ou soumis à des procédures judiciaires et à des amendes après avoir protesté contre les activités de 11 des usines. L’ONG rapporte également que l’industrie de l’huile de palme en Indonésie est depuis longtemps sujette à des allégations de destruction de l’environnement et de violations des droits de l’homme. L’Indonésie est d’ailleurs l’un des Etats les plus meurtriers d’Asie du Sud-Est pour les défenseurs des terres et de l’environnement. Le rapport note que 12 activistes ont été tués depuis 2015.
En plus des violations des droits de l’homme, Global Witness révèle que 22 % des usines échantillonnées ont été accusées de causer des dommages environnementaux importants provoqués par le déversement de déchets toxiques dans les systèmes fluviaux voisins. Selon l’ONG, ces violations persistaient malgré les politiques d’ADM et de Bunge en matière de respect des droits des communautés locales à la terre.
Le rapport pointe du doigt le manque de contrôles pour garantir que les usines sont exemptes d’abus. Global Witness a partagé dans un communiqué la réponse des deux multinationales. ADM a déclaré qu’elle contestait la base de preuves de Global Witness en général et rejette les critiques concernant son devoir de diligence et ses procédures de règlement des griefs, affirmant que ces dernières ont été examinées favorablement par des experts externes. Le géant a également précisé à l’ONG qu’il a procédé à une évaluation de tous ses fournisseurs directs et que 97 % d’entre eux ont été classés comme les plus performants, notamment en ce qui concerne leurs politiques de prévention et de lutte contre l’exploitation. L’entreprise a ajouté qu’elle met en œuvre une stratégie d’engagement des fournisseurs pour garantir en permanence le respect de sa politique. ADM tout de même indiqué qu’elle donnera suite aux conclusions du rapport en lançant des enquêtes sur chacune des usines prétendument problématiques. Elle ajoute qu’elle surveillera neuf usines identifiées par le document et poursuivra les enquêtes sur 36 autres. Bunge a quant à lui reconnu que les incidents présumés identifiés par Global Witness se situent dans sa chaîne d’approvisionnement indirecte mais n’a pas donné de détails sur son processus de « diligence raisonnable ».
Lire le rapport de Global Witness
Communiqué de presse de l’ONG avec la réponse des multinationales