Un rapport de Greenpeace Afrique et Changing Markets révèle comment plus d’un demi-million de tonnes de petits poissons pélagiques sont extraits chaque année des côtes d’Afrique de l’Ouest et sont transformés en aliments pour l’aquaculture et agriculture, cosmétiques ou compléments alimentaires en dehors du continent. Ces ressources sont pourtant essentielles au maintien de la sécurité alimentaire de plus de 33 millions de personnes.
Dans un nouveau rapport, Greenpeace Afrique et l’ONG Changing Markets dévoilent comment les entreprises européennes contribuent au détournement de poissons frais, essentiels au maintien de la sécurité alimentaire de plus de 33 millions de personnes dans la région ouest-africaine. Le document intitulé en français « nourrir un monstre : comment les industries européennes de l’aquaculture et de l’alimentation animale volent la nourriture des communautés d’Afrique de l’Ouest » est basé sur une étude des liens commerciaux entre l’industrie de la farine et de l’huile de poissons (FMFO) en Afrique de l’Ouest et le marché européen. Il examine également les relations de la chaîne d’approvisionnement entre les transformateurs/distributeurs de produits de la mer et les producteurs de poissons d’élevage qui se sont approvisionnés en aliments pour aquarium auprès d’entreprises impliquées dans le commerce du FMFO en Afrique de l’Ouest au cours des dernières années, et les détaillants français bien connus comme Carrefour, Leclerc, Auchan, Monoprix, Lidl ou Tesco.
Les recherches montrent comment plus d’un demi-million de tonnes de petits poissons pélagiques sont extraits chaque année le long des côtes d’Afrique de l’Ouest et sont transformés en aliments pour l’aquaculture et l’agriculture, en compléments alimentaires, en cosmétiques et en produits alimentaires pour animaux de compagnie en dehors du continent africain. Greenpeace et Changing Markets confirment qu’il y a eu une expansion rapide de la FMFO au cours des dernières années notamment en Mauritanie où 70 % des exportations d’huile de poisson sont allées vers l’UE en 2019. Le document explique que ce pays ainsi que le Sénégal ou encore la Gambie n’ont jusqu’à présent pas réussi à gérer correctement leur ressource commune de petits poissons pélagiques ni à prendre les mesures appropriées pour garantir le droit à l’alimentation et aux moyens de subsistance de leurs communautés.
Il a également été noté que les populations de poissons ramassées par les industries européennes sont dans une situation critique. Le rapport soutient que le groupe de travail de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’évaluation des petits poissons pélagiques au large de l’Afrique du Nord-Ouest considère que les stocks de sardinelles et de bonga sont surexploités, ce qui constitue « une grave menace pour la sécurité alimentaire dans la sous-région ». Les deux ONG appellent à la fin de ce rapport les décideurs et les gouvernements à cesser de prélever du poisson nécessaire à la consommation humaine en Afrique de l’Ouest pour alimenter la demande de farine et d’huile de poisson dans l’Union européenne et en Norvège.