🔻Pérou : l’effondrement de la diversité des poissons menace 800 000 personnes de malnutrition

Photo d'illustration ©MonicaVolpin de Pixabay

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Une étude révèle que la diminution de la diversité des poissons dans l’Amazonie péruvienne pourrait avoir une incidence sur la nutrition d’un grand nombre des 800 000 habitants de la région.

Dans la région de Loreto au Pérou, les pêcheurs capturent moins de grandes espèces de poissons migrateurs et plus de petits poissons. Cette diminution de la diversité des poissons dans l’Amazonie péruvienne pourrait avoir une incidence sur la nutrition d’une grande partie des 800 000 habitants de la région selon une nouvelle étude parue dans la revue Science Advances. Les chercheurs constatent que la manière dont le déclin de la diversité des aliments sauvages affecte l’approvisionnement en nutriments des populations est mal comprise. Ainsi, ils ont voulu analyser l’impact du déclin de la biodiversité sur les nutriments fournis par les poissons à l’aide d’informations détaillées provenant de l’Amazonie péruvienne, où les pêcheries intérieures constituent une source essentielle de nutrition pour une grande partie des 800 000 habitants de la région.

Il a été constaté que les impacts de la perte de biodiversité sur les apports en nutriments dépendaient de la compensation, de la dynamique trophique et de la diversité fonctionnelle. Les petits poissons ont des niveaux de protéines équivalents aux plus grosses espèces, mais « lorsque les petites espèces sédentaires compensent le déclin des grandes espèces migratrices, les apports en acides gras augmentent, tandis que les apports en zinc et en fer diminuent. En revanche, la probabilité de ne pas maintenir les approvisionnements ou le risque d’approvisionnement en nutriments augmentait lorsque les espèces étaient uniques sur le plan nutritionnel », expliquent les auteurs. Ce phénomène est un vrai problème dans cette région où la population présente un taux élevé d’anémie et de malnutrition. Pour faire face à cette situation, les habitants commencent à s’orienter vers une consommation de poissons ou de poulets d’élevage, ce qui amène son lot de complications également.

Une autre étude récente explique en effet que les substituts d’élevage peuvent nuire à la nutrition humaine en exacerbant les carences en fer et en limitant les apports en acides gras essentiels. C’est également une technique de production qui nuit à l’environnement. Les chercheurs précisent que d’autres aliments sauvages tels que les plantes, les insectes et la viande de brousse constituent une source importante de nutrition chez les populations locales, mais également dans le monde entier. Ils relèvent par conséquent que les politiques et les pratiques qui préservent la biodiversité sont importantes aussi bien pour la conservation des espèces que pour améliorer la sécurité alimentaire et la santé publique. Ainsi, ils soulignent que la protection des pêcheries nécessite d’investir dans des pratiques et des politiques visant à protéger les principaux habitats d’eau douce, à maintenir la connectivité des rivières et des cours d’eau et à promulguer des moratoires temporaires sur la capture des espèces surexploitées.

Le site d’informations Mongabay rapporte les propos de John Valbo Jørgensen, expert en pêche continentale auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture qui a déclaré à la Columbia Climate School que « Les poissons continentaux sont fondamentaux pour la nutrition dans de nombreux pays à faible revenu et à déficit alimentaire, et bien sûr dans les pays enclavés ».

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