De l’importance de respecter les droits des peuples autochtones dans la conservation de la biodiversité

Photo d'illustration ©Sam Valadi - Wikimedia

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Une étude réalisée par l’Initiative sur les droits et les ressources, en collaboration avec Campaign for Nature, dévoile les risques auxquels les peuples indigènes et communautés locales sont confrontés en raison de mesures de conservation exclusives.

L’objectif du projet actuel de cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique pour l’après-2020 est de sauvegarder d’au moins 30% de la surface terrestre d’ici 2030. Seulement, cet objectif ne prévoit pas la protection des droits de plus de 1,65 milliards de peuples autochtones et de communautés locales vivant dans les « zones importantes de conservation de la biodiversité ». Une étude réalisée par l’Initiative sur les droits et les ressources, en collaboration avec la Campaign for Nature, aborde les risques auxquels ces groupes sont confrontés du fait des mesures de conservations exclusives. Cette étude encourage les décideurs à adopter des approches de conservation fondées sur les droits de ces peuples.

Les approches visant à créer des zones protégées consistent souvent à déplacer les populations locales ou à interdire l’accès et l’utilisation traditionnelle des terres. Le rapport estime que 136 millions de personnes ont été déplacées dans le cadre du processus de protection officielle des terres. L’utilisation de ces modèles de conservation est décrite comme étant « très litigieuse, d’un coût prohibitif et s’accompagnerait de coûts liés aux droits de l’homme qui alimenteraient les conflits fonciers », indique le document. Les auteurs estiment que la relocalisation physique de plus d’un milliard de personnes qui vivent dans ces importantes zones de conservation de la biodiversité coûterait entre 4 et 5 milliards de dollars. Cette estimation des coûts n’inclut pas les coûts indirects tels que les perturbations civiles potentielles, la perte de ressources culturelles et « le traumatisme multigénérationnel de l’expulsion de communautés dont les identités sont inextricablement liées à leurs terres et territoires traditionnels« .

Le rapport souligne la capacité des peuples indigènes à gérer et à conserver efficacement les écosystèmes et la biodiversité grâce à des techniques telles que la gestion des incendies, qui permet de réduire la déforestation. Il est estimé que 80 % de la biodiversité de la planète se trouve dans les territoires indigènes, et nombre de leurs techniques de gestion des terres sont efficaces pour la sauvegarder. La plupart des personnes qui vivent dans ces importantes zones de conservation de la biodiversité se trouvent dans des pays à revenu moyen ou faible et sont plus susceptibles de dépendre des ressources naturelles de ces zones pour leur subsistance, et donc, à les préserver.

Les auteurs encouragent les décideurs à adopter des approches de conservation fondées sur les droits de ces peuples. Ils soulignent qu’il est important de veiller à ce que les efforts de conservation des populations autochtones et des communautés locales soient pris en compte dans les programmes mondiaux de conservation. Cela permettra d’intégrer les droits fonciers des peuples indigènes dans les plans nationaux de conservation et de reconnaître les contributions de ces groupes à la conservation. Ils exhortent également les gouvernements à mettre en place et financer des mécanismes nationaux de responsabilité et de réparation pour traiter les problèmes passés et présents les violations des droits de l’homme dans les zones protégées ainsi que la conservation gérée par le secteur privé de la région.

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