Faire baisser la température des villes, réduire les frais de climatisation et les eaux de ruissellement, et mieux filtrer la poussière et les polluants : l’Onu lance un vaste plan de développement de forêts urbaines dans une trentaine de pays, en Afrique et en Asie, d’ici 2030.
Le directeur-général de l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Qu Dongyu, a annoncé cette semaine à New York le lancement de l’initiative baptisée « une grande muraille verte pour les villes« , en parallèle du Sommet action climat. La FAO et ses partenaires souhaitent soutenir des projets dans « 30 pays » situés en Afrique et en Asie à raison d' »au moins trois villes par pays » de façon à créer « d’ici 2030 jusqu’à 500.000 hectares de nouvelles forêts urbaines et de maintenir près de 300.000 hectares de forêts » déjà existantes, notamment au Sahel et en Asie centrale, a indiqué la FAO dans un communiqué. Lorsqu’ils sont bien gérés, les arbres et forêts urbaines « peuvent contribuer à réduire la température de l’air de 8 degrés Celsius, à réduire de 40% les frais associés à la climatisation et à améliorer la qualité de l’eau« , ajoute l’organisation en soulignant que la proportion de personnes vivant dans les villes atteindra presque 70% d’ici 2050, la croissance se manifestant surtout en Afrique et en Asie. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
La FAO travaille avec huit partenaires, scientifiques, ONG ou urbanistes : le Royal Botanic Gardens Kew, la société italienne de sylviculture et d’écologie forestière, le cabinet d’architecture italien de Stefano Boeri, auteur des « forêts verticales » à Milan, le centre de recherche chinois sur la foresterie urbaine, le groupe C40 qui regroupe des grandes villes luttant contre le réchauffement climatique (dont Paris), l’ONG américaine Arbor Day Foundation, le programme des Nations unies pour l’habitat UN-Habitat basé à Nairobi (Kenya) et l’ONG Cities4Forest. « Il faut planter les bons arbres aux bons endroits et on peut obtenir des résultats très intéressants et choisir des plantes adaptées au climat local« , a déclaré à l’AFP Simone Borelli, spécialisé dans les forêts urbaines à la FAO.
A l’appui, il cite les vastes projets de reforestation en cours à Addis Abeba en Ethiopie. La FAO attire l’attention sur le besoin de justice environnementale: « En Ethiopie, on a montré qu’entre les quartiers riches arborés et les quartiers pauvres dénudés, il pouvait y avoir jusqu’à 10 degrés de différence de température« , a dit M. Borelli. Idem en Afrique du sud, entre quartiers riches et bidonvilles. « Notre idée est de constituer un fonds alimenté par différents bailleurs de fonds pour que les villes puissent demander un appui technique et financier« , a-t-il précisé. La FAO estime à 1,5 milliard de dollars le besoin en financement pour couvrir les 800.000 hectares. L’un des modèles cités est le projet lancé par l’Union africaine de grande muraille verte en Afrique et au Sahel, mais aussi des actions contre la désertification à Haïti et à Fidji financées par l’Union Européenne. « En Chine et en Asie, 30 à 40% des villes qui existeront en 2050 ne sont pas encore construites, et les villes sont en croissance de 2 à 3% par an. Notre conseil est donc de commencer à planter des arbres aujourd’hui et de construire autour des arbres d’ici une dizaine d’années« , a ajouté M. Borelli.
Une conférence régionale sur les forêts urbaines est prévue en novembre à Bogota en Colombie. Et la deuxième conférence internationale sur le sujet devrait avoir lieu en 2022 en Chine, après la première édition qui s’est tenue à Mantoue en Italie fin 2018. Parmi les exemples réussis, Singapour « qui a fait le choix il y a 50 ans d’investir pour devenir le jardin urbain de l’Asie » fait figure de modèle, a souligné M. Borelli, notamment par l’indice de biodiversité que la ville a développé. Paris, qui fait partie du groupe des C40, a aussi lancé une stratégie de rafraîchissement urbain en promettant 12 hectares débitumés d’ici 2020.
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