La police de Nouvelle-Zélande interpelle des manchots dans un stand à sushis (3 mn)

Photo © rjunqueira-de-Pixabay

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Deux manchots pygmées de Nouvelle-Zélande sont entrés par effraction chez un vendeur de sushis de la gare la plus fréquentée de Wellington avant d’être renvoyés dans leur habitat naturel par les forces de l’ordre. En Afrique du sud, les congénères sont victimes de mini-marées noires.

La police a raconté avoir été informée durant le week-end de la présence d’un de ces animaux dans le centre-ville, et l’avoir remis dans les eaux du port. Mais le manchot est revenu sur les lieux du crime mardi avec un complice. Les « vagabonds déhanchés » comme les ont appelés les enquêteurs avaient commencé à se faire un nid à l’intérieur de ce stand à sushis situé dans la gare de Wellington, au cœur de la ville. Il a fallu les appâter avec du saumon pour les capturer et les renvoyer de nouveau à la mer. Les autorités chargées de la faune sauvage ont également sécurisé le stand à sushis afin de prévenir toute récidive. D’après Jack Mace, directeur du Département de la protection de la nature, les oiseaux qui entrent dans la saison de reproduction recherchaient un endroit étriqué et sûr « pour ouvrir leur boutique et pondre leurs œufs. On a bien des coups de fil pour nous signaler des nids sous les maisons des gens. C’est assez fréquent, a-t-il dit à la chaîne TVNZ. Mais c’est clair, la gare la plus fréquentée de Wellington, c’est inhabituel ». [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Pour aller jusqu’à la gare, le couple de manchots a peut-être eu à traverser une autoroute mais il est possible, selon M. Mace, qu’ils aient réussi à se faufiler dans les canalisations d’eau. Du haut de leur 25 centimètres, les petits manchots bleus sont la plus petite espèce de manchots. Ils pèsent environ un kilogramme. L’espèce, qui ne peut pas voler, est considérée comme en péril du fait du développement urbain et de la perte de leur habitat, et des chiens.  On les voit assez souvent à Wellington, où leurs colonies se trouvent le long des côtes escarpées ou sur l’île Matiu, près du port de la capitale.

Les manchots d’Afrique du sud, eux, ne mangent ni saumon ni sushis. Près de l’île de Sainte-Croix, dans la baie d’Algoa des « rangers » s’affairent à sauver ceux qui se retrouvent piégés dans une nappe de pétrole. En cause, le ravitaillement en combustibles des bateaux en mer. Lors de son réapprovisionnement en carburant pendant le week-end, un vraquier battant pavillon libérien, le MV Chrysanthi, a recraché entre 200 et 400 litres de pétrole au large de Port Elizabeth (sud). La baie d’Algoa, qui abrite la plus importante colonie de manchots au monde, a été partiellement souillée. Une vingtaine de manchots défigurés par le carburant ont été secourus au large de l’île de Sainte-Croix, selon le dernier bilan. Les dégâts restent limités dans l’immédiat, mais cet incident met en lumière, aux yeux des défenseurs de l’environnement et des professionnels du tourisme, les risques liés au ravitaillement en carburant des bateaux en mer, le soutage.

« Ce qui s’est passé illustre exactement les inquiétudes que nous soulevons (depuis longtemps) concernant le soutage, s’indigne Stacey Webb, de la Fondation d’Afrique australe pour la conservation des oiseaux de la côte (SANCCOB). Le danger n’est pas écarté. Les manchots vont chercher de la nourriture jusqu’à une centaine de kilomètres des îles (île Oiseaux et île de Sainte-Croix) donc ils pourraient très bien se retrouver dans la nappe en mer », ajoute-t-elle à l’AFP. Depuis trois ans maintenant, des bateaux viennent se ravitailler en carburant dans la baie d’Algoa. Une activité lancée pour soutenir l’économie de la zone, idéalement située à la pointe sud du continent africain, dans des eaux relativement calmes.

« Bien que le soutage soit d’abord une affaire de gros sous, l’argent généré dans la baie d’Algoa justifie-t-il de mettre en péril la survie de certaines espèces ? »,se demande Jack Peeton, un tour opérateur spécialisé dans l’observation des baleines. Les manchots sont menacés d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Seuls quelque 50.000 adultes sont encore recensés dans le monde, principalement en Afrique du Sud et en Namibie voisine.

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