Le sanglier, emblème des Ardennes, y est devenu indésirable : la Wallonie, grande région du sud de la Belgique, souhaite l’élimination d’ici à mars 2020 de la moitié des quelque 30.000 individus recensés sur son territoire.
« On a un problème de densité de sangliers en Wallonie », a expliqué jeudi à l’AFP Pierre Wiliquet, porte-parole du ministre wallon de l’Agriculture René Collin. Il s’exprimait au moment où le ministre présentait une série de mesures destinées à diminuer drastiquement le nombre de ces animaux, mettant à contribution les chasseurs. Dans cette région, dont une bonne partie du territoire entre les frontières française et allemande est constituée des forêts ardennaises, la population de sangliers a augmenté de 43% depuis quatre ans. « A l’échelle de l’Europe, les hivers plus cléments de ces dernières années couplés aux abondantes fructifications forestières ont permis aux populations de sangliers de proliférer de manière exceptionnelle », est-il souligné dans un communiqué. L’abondance de nourriture entraîne une prise de poids précoce, elle-même à l’origine de naissances précoces, selon M. Wiliquet. « Les laies n’attendent plus l’âge de 15 mois pour être reproductrices, elles le sont dès 9 mois », dit-il. Phénomène rare, la lutte contre les sangliers met d’accord agriculteurs et écologistes, qui ont manifesté cote à cote mercredi sous les fenêtres du ministre à Namur. « C’est la première fois que le premier syndicat agricole wallon (la Fédération wallonne de l’agriculture, FWA) et Inter-Environnement (organisme regroupant des associations de protection de la nature) posent les mêmes constats et ont les mêmes objectifs », affirme le porte-parole du ministre. Parmi les exploitants agricoles, ceux qui élèvent des porcs accusent le sanglier d’être responsable de la propagation de la peste porcine africaine, un virus contre lequel aucun traitement n’existe. La présence de ce virus, venu de l’est de l’Europe, avait été détectée sur des sangliers à la mi-septembre dans le sud de la Belgique, entraînant des restrictions d’accès à certains secteurs jugés sensibles et l’abattage préventif de 4.000 porcs. Mercredi, la FWA a réclamé une réduction de 80% de la population de sangliers, un objectif jugé pas « réaliste » par René Collin qui s’en tient à 50%. La région wallonne réfute le lien de cause à effet entre surdensité de sangliers et peste porcine, et assure que celle-ci « a été causée par le facteur humain, il faut séparer les deux dossiers ». Pour combattre cette surdensité, les chasseurs vont être mis à contribution car, indique encore M. Wiliquet. En janvier et février, chaque territoire de chasse sera contraint d’organiser trois chasses collectives.