Un nouveau rapport de l’UICN préconise de rendre la production d’huile de palme plus durable, plutôt que de la remplacer par une autre culture plus consommatrice de terres.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à publié un rapport intitulé « Huile de palme et biodiversité », qui prend le contre-pied de certaines idées largement répandues dans l’opinion publique sur cette thématique. En effet d’aucuns martèlent que l’exploitation d’huile de palme devrait purement et simplement disparaître, pour que cessent la déforestation et la destruction de biodiversité à grande échelle qu’elle entraîne dans les pays comme l’Indonésie et la Malaisie. Or, l’UICN explique tout de go dans le communiqué de parution du rapport que les autres cultures oléagineuses requérant « jusqu’à neuf fois plus de terres que l’huile de palme pour la même production, le remplacement de cette dernière par d’autres cultures augmenterait significativement la surface terrestre totale utilisée pour la production d’huiles végétales afin de satisfaire la demande mondiale. » La déforestation en serait donc d’autant plus conséquente. « Lorsque vous étudiez les impacts désastreux de l’huile de palme sur la biodiversité à une échelle mondiale, il n’existe pas de solutions simples. La moitié de la population mondiale utilise l’huile de palme pour son alimentation […] L’huile de palme est là pour durer, et nous avons de toute urgence besoin de mesures concertées pour rendre sa production plus durable, en veillant à ce que toutes les parties – gouvernements, producteurs et la chaîne d’approvisionnement – respectent leurs engagements en matière de durabilité » affirme la Directrice générale de l’UICN, Inger Andersen. Les auteurs du rapport recommandent donc, plutôt que de faire disparaître l’huile de palme, de travailler à la protection des forêts au sein même des exploitations et de sensibiliser les consommateurs aux huiles de palme certifiées.
Mais ces certifications, quand elles existent, ne font pas l’unanimité. L’une d’elle, la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO), vient de faire parler d’elle en mettant à l’écart le géant suisse de l’alimentation Nestlé, en raison de « divergences fondamentales » sur les moyens d’atteindre cet objectif. RSPO, qui certifie 20% de la production mondiale, a annoncé mercredi mettre Nestlé à l’écart et a révoqué plusieurs certifications accordées à certaines usines du groupe. « Nous partageons l’objectif de RSPO d’améliorer la performance sociale et environnementale du secteur de l’huile de palme », a expliqué jeudi à l’AFP un porte-parole de Nestlé. Mais « il y a des divergences fondamentales sur la façon dont Nestlé et RSPO entendent changer les choses pour atteindre cet objectif d’une industrie de l’huile de table complètement durable », a-t-il ajouté. RSPO justifie sa décision de mise à l’écart par un certain nombre d’entorses à ses règles de conduite, par exemple le fait que Nestlé n’ait fourni aucun rapport sur ses progrès en matière de production ou d’achat d’huiles de palme certifiées en 2016 et n’ai proposé qu’un rapport incomplet pour 2017. RSPO a donné à Nestlé jusqu’au 20 juillet pour se conformer à ses règles, délai au-delà duquel l’adhésion de Nestlé sera « terminée ». RSPO réunit plus de 3.000 membres représentant les différents acteurs du secteur (producteurs, commerciaux, investisseurs, détaillants et ONG de défense de l’Environnement ou du droit du Travail). Nestlé soutient de son côté que RSPO n’a pas accepté que l’objectif de l’entreprise ne soit pas, comme le vise l’organisme, d’atteindre à terme 100% d’huile de palme certifiée. La société estime que l’approche de RSPO « ne permettra pas au secteur d’atteindre le niveau de transparence ainsi que le degré de transformation dont il a urgemment besoin ». Parallèlement, Greenpeace s’est interrogé sur les motifs de la décision prise par RSPO, estimant que Nestlé avait été sanctionné car le groupe n’achetait tout simplement « pas assez d’huile de palme certifiée par RSPO ». « Durant les douze derniers mois, Greenpeace a dénoncé 5 cas de destruction de forêts vierges, qui ont été le fait d’entreprises membres de RSPO » mais « jusqu’à présent, la RSPO n’a pris aucune mesure contre ces compagnies », a déploré l’ONG, ajoutant: « cela montre seulement que RSPO se soucie plus de faire de l’argent que de protéger les forêts »