La Commission européenne et la Pologne ont opposé leurs points de vue lundi devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), lors d’une audience de référé dans l’affaire de l’abattage des arbres dans la forêt de Bialowieza, qui témoigne des tensions entre Bruxelles et Varsovie.
« C’est la première fois dans l’histoire de l’UE qu’un État membre ne »respecte pas l’ordonnance de votre Cour », a plaidé devant le juge la représentante de la Commission, Katarzyna Herrmann. Fin juillet, la justice européenne a ordonné la fin des opérations d’abattage d’arbres dans cette forêt située au nord-est de la Pologne, à la frontière avec la Biélorussie. Mais images à l’appui, Mme Herrmann a montré que les opérations d’abattage se poursuivaient toujours dans ce site classé Natura 2000 et protégé par l’Unesco. « On accuse la Pologne de coupes commerciales. C’est un malentendu – les coupes ont uniquement une fonction de protection. Sur le territoire de la forêt de Bialowieza il y a non seulement une épidémie d’insectes xylophage, mais également d’autres pathogènes qui détruisent les arbres », a déclaré le ministre polonais de l’Environnement, Jan Szyszko, à la presse à l’issue de la session de la Cour. Le ministre polonais était entouré de plusieurs dizaines de partisans qui brandissaient des pancartes avec des slogans tels que « Laissez-nous décider, nous ne sommes pas votre colonie ».
« Ces arbres ont survécu à la Première et à la Deuxième Guerre mondiale mais pas à notre ministre de l’Environnement », a déclaré à l’AFP le directeur de Greenpeace Pologne, Robert Cyglicki, présent devant la Cour aux côtés de dizaines d’autres sympathisants de l’ONG. Un avis partagé par une autre ONG, ClientHearth. « Nous espérons pour le bien de la forêt que la Cour fera respecter l’interdiction d’exploitation forestière et imposera des amendes pour que le ministre Szyszko respecte la loi », a commenté son avocate Agata Szafraniuk.
La forêt de Bialowieza est connue comme étant l’une des forêts naturelles les mieux conservées d’Europe, avec des grandes quantités de bois mort et de vieux arbres centenaires. Ceux-ci abritent de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes. Le 25 mars 2016, le ministre polonais de l’Environnement a donné son feu vert à un plan controversé permettant de développer l’exploitation du bois dans ce district forestier, notamment afin de stopper des attaques d’insectes xylophages. Mi-juillet, la Commission européenne a introduit un recours en manquement contre la Pologne devant la CJUE. Mais cette procédure dure un an et demi à deux ans, ce qui a poussé Bruxelles à introduire une requête urgente. Chaque partie a quatre jours pour demander des sanctions qui pourraient être fixées au moment où la Cour rendra sa décision, vraisemblablement début octobre.