Les travaux d’une équipe de scientifiques montrent que limiter l’augmentation de la température de notre planète à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels évitera un chamboulement de la migration des oiseaux marins en Atlantique Nord.
La communauté mondiale des oiseaux marins a décliné de plus de 50 % en un demi-siècle, notamment sous l’incidence des changements climatiques. L’objectif principal des accords de Paris sur le climat est de limiter l’augmentation de la température de notre planète à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Une équipe du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) a étudié, en collaboration avec 23 organismes de recherche internationaux, les bénéfices du respect de cet objectif pour les écosystèmes planétaires et les espèces qu’ils abritent. Leurs résultats, publiés dans Global Change Biology, indiquent que cela évitera un chamboulement de la migration des oiseaux marins en Atlantique Nord.
Les chercheurs ont exploré les implications du respect/non-respect des accords de Paris sur la distribution des communautés d’oiseaux marins de l’océan Atlantique Nord : grâce aux suivis électroniques des mouvements de cinq espèces d’oiseaux marins (macareux moine, mergule nain, mouette tridactyle, et deux espèces de guillemots), qui représentent plus de 75% de tous les oiseaux marins nichant en Atlantique Nord, ils ont pu identifier les zones océaniques essentielles à leur survie hivernale. Ils ont par la suite déterminé les caractéristiques environnementales de ces zones (conditionnant la dépense énergétique et le nourrissage des oiseaux), et estimé les glissements géographiques des zones d’hivernage de chaque espèce à court (2050) et moyen terme (2100).
« Ces projections futures ont été effectuées selon deux scénarios climatiques (RCP2.6 et RCP8.5) aux conséquences diamétralement opposées : Alors que le scénario RCP8.5 n’implique aucun effort de limitation de nos émissions de gaz à effet de serre, le scénario RCP2.6 suppose la prise de mesures d’atténuation fortes grâce auxquelles le réchauffement climatique global devrait être limité à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels« , explique le CNRS dans un communiqué. L’étude montre qu’en induisant des changements substantiels dans la distribution des champs de proies des oiseaux marins et dans leurs besoins énergétiques, le réchauffement climatique entraînera des déplacements vers le nord des aires d’hivernage, en particulier lorsqu’il dépassera 2°C.
« Si pour certaines espèces le décalage vers les hautes latitudes s’accompagnera d’un gain en habitats favorables, d’autres, comme le mergule nain, verront leurs zones d’hivernage rétrécir suite au réchauffement. De plus, des zones actuellement très fréquentées par les oiseaux marins, comme celles au large de Terre Neuve, perdront en attractivité, au profit d’autres comme le Golf du Saint-Laurent ou la mer du Labrador. » Les résultats des analyses démontrent que la réalisation des objectifs de l’accord de Paris limitera ces changements de répartition des habitats de la communauté d’oiseaux marins de l’Atlantique Nord au 21e siècle.