Pourquoi Nemo a-t-il des bandes blanches ?

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Une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) révèle une découverte étonnante : les bandes blanches des poissons clowns sont modulées par l’anémone dans laquelle ils ont élu domicile.

Dans la baie de Kimbe en Papouasie-Nouvelle-Guinée, des scientifiques ont observé le développement des poissons clowns et plus particulièrement de leurs petites bandes blanches qui font leur particularité. Ces petits poissons vivent en harmonie avec les anémones de mer, des animaux marins fixés sur les roches sous-marines. Une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) note que les poissons clowns ont la capacité de retarder la formation de leurs bandes blanches selon l’anémone dans laquelle ils vivent : anémones dites tapis (Stichodactyla gigantea) ou anémones magnifiques (Heteractis magnifica). Les scientifiques expliquent avoir concentré leurs analyses pour comprendre ce phénomène sur les hormones thyroïdiennes. Ils ont exposé en laboratoire de jeunes larves de poissons-clowns à différentes doses de ces hormones, puis ont observé que plus la dose était forte, plus vite les bandes blanches se formaient. « Au contraire, en traitant de la même manière ces jeunes larves, mais cette fois avec une molécule bloquant la synthèse des hormones thyroïdiennes, l’apparition des bandes était retardée », explique le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dont l’autrice principale Pauline Salis est issue.

Les auteurs ont ensuite reproduit ce mécanisme sur des juvéniles de même âge et taille, prélevés dans des anémones de mer S. gigantea ou H. magnifica de la baie de Kimbe. Ils ont observé que les taux d’hormones thyroïdiennes étaient bien plus importants chez les juvéniles prélevés chez S. gigantea que chez ceux prélevés chez H. magnifica, permettant une formation plus rapide des bandes blanches chez les individus vivant dans S. gigantea. « En étudiant de plus près les deux populations de poissons, les scientifiques ont identifié un gène appelé duox, responsable de cette augmentation du taux d’hormones thyroïdiennes. Ce gène est également important chez l’homme pour la formation de ses hormones », précise le CNRS.

L’étude montre comment l’environnement peut influencer le développement des organismes vivants en modifiant leur production hormonale. D’après le CNRS ce même type de mécanisme se met en route lorsque les organismes doivent s’adapter à d’autres changements environnementaux comme le réchauffement climatique, la pollution chimique ou l’acidification des océans. Ce phénomène s’appelle la plasticité phénotypique. Il s’agit de la capacité d’un organisme à exprimer différents phénotypes (ensemble de caractères apparents d’un individu) en fonction de son environnement.

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