Une nouvelle étude publiée dans la revue Conservation Letters révèle que les conflits armés constituent une menace importante et encore très peu connue pour des milliers d’espèces de mammifères et d’oiseaux.
Les conflits armés sont une menace sous-estimée pour la biodiversité. Une nouvelle étude publiée dans la revue Conservation Letters a analysé des cartes des régions en conflits, des cartes des aires de répartition géographique des espèces et les informations sur les menaces pesant sur les mammifères et oiseaux du monde pour quantifier les impacts des guerres sur les populations animales. En superposant les cartes d’aires de répartition des espèces et celles des conflits, les auteurs ont pu connaître le nombre d’espèces de mammifères et d’oiseaux ayant un chevauchement géographique avec une guerre sur une période de 30 ans, de 1989 à 2018. Ils ont constaté qu’au cours de cette période, au moins 4 291 espèces de mammifères et 9 056 espèces d’oiseaux chevauchent des régions qui ont connus des conflits armés. Ils ont remarqué qu’environ un cinquième des conflits s’étendaient sur au moins la moitié des aires de répartition géographique des populations de mammifères et d’oiseaux. Pour environ 225 espèces de mammifères et 390 d’oiseaux, les conflits persistaient pendant au moins 15 ans.
Les scientifiques ont ensuite étudié les espèces présentes sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) afin de comprendre l’évolution de leur état de conservation en fonction de leur présence en terrain guerre ou non. Ils ont constaté que le chevauchement des aires de répartitions des populations avec les conflits était étroitement lié au déclin de certaines espèces notamment pour celles classées « en danger d’extinction ». L’étude montre également que les menaces pour la conservation des espèces peuvent être soit directes, soit indirectes. Les menaces directes correspondent entre autres au braconnage de certains animaux comme les éléphants d’Afrique pour récupérer leur viande et leur ivoire pour « potentiellement financer des groupes terroristes au Mali et en République du Congo », selon les auteurs. Cela peut également se traduire par des décès en raison de tirs perdus ou de mines terrestres comme c’est le cas pour les Gorilles de montagne au Rwanda. Les menaces indirectes quant à elles sont liées à une modification des habitats ce qui entraîne leur dégradation ou leur perte même après que le conflit ait cessé. Les conflits engendrent également des changements socio-économiques qui peuvent avoir un impact sur la réglementation, l’exploitation des ressources naturelles et sur la conservation des écosystèmes.
Uttara Mendiratta, autrice principale et responsable de la lutte contre le trafic d’espèces sauvages à WCS-India explique dans un communiqué du WCS que les résultats soulignent l’importance de considérer l’éventail des menaces directes et indirectes pour conserver efficacement les espèces touchées par les conflits armés. Un rapport récemment publié par l’UICN est en accord avec les conclusions de cette étude et qualifie les conflits armés d’une « menace sous-estimée pour la biodiversité ».