L’exploitation des zones naturelles est moins rentable que leurs services écosystémiques

Photo d'illustration ©jeanneva de Pixabay

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Une étude menée sur 24 sites répartis sur six continents suggère que le rendement des sites naturels liés à leurs services écosystémiques est supérieur aux bénéfices tirés de l’utilisation des terres pour des activités telles que la foresterie ou l’agriculture.

Il serait économiquement plus avantageux de protéger les sites naturels riches comme les zones humides et forêts plutôt que de les exploiter. En effet, une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Cambridge en Angleterre en collaboration avec la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), révèle que les avantages économiques de la protection des sites naturels l’emportent sur les bénéfices qui pourraient être tirés de l’utilisation des terres pour l’extraction des ressources. Les scientifiques ont analysé 24 sites sur six continents et ont remarqué que le rendement des services écosystémiques tels que le stockage du carbone et la prévention des inondations, induits par les efforts de conservation, était supérieur à celui créé par l’utilisation des terres pour des activités agricoles ou de foresterie.

Les travaux publiés dans la revue Nature Sustainability calculent la valeur nette annuelle sur 50 ans des sites choisis quand ceux-ci sont laissés au naturel et non dans un état dit « alternatif » comme c’est le cas avec l’exploitation des terres. Les auteurs ont estimé que chaque tonne de carbone valait 31 dollars américains. Ils ont trouvé que plus de 70 % de ces sites, riches en biodiversité, avaient des bénéfices économiques nets plus importants en étant laissé à l’état naturel. Les résultats soutiennent donc l’idée que la conservation de ces habitats est plus intéressante financièrement que l’exploitation des terres. Dans le cas où l’argent serait la seule motivation des décideurs politiques pour choisir un modèle ou l’autre, ils auraient alors plus à gagner à favoriser la conservation des espaces. À titre d’exemple, les scientifiques ont découvert que les marais de Hesketh Out Marsh, dans l’estuaire de la Ribble (Angleterre) avait une valeur de 2 000 dollars par hectare en prenant uniquement en compte sa capacité à atténuer les émissions de carbone. Cette valeur est supérieure aux bénéfices qui pourraient être tirés si ces terres étaient converties pour l’agriculture ou le bétail.

Bien que les terres laissées à la nature rapportent plus que celles utilisées par l’homme, les auteurs insistent sur le fait que leur étude « ne doit pas être utilisée pour plaider en faveur d’un abandon généralisé des paysages dominés par l’homme, mais affirme qu’il y a des leçons à en tirer sur la façon dont nous traitons le capital naturel », indique le journal britannique The Guardian.

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