Automne, ou le crépuscule des papillons

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Dans l’ouest des Etats-Unis, le nombre de papillons a chuté en moyenne de 1,6 % par an entre 1977 et 2018, selon une nouvelle étude qui affirme que le réchauffement des températures automnales pourraient être le facteur principal de ce déclin.

Dans l’affaire du déclin mondial des insectes, les scientifiques ont souvent mis en cause la perte d’habitat ou l’utilisation des pesticides. Mais une nouvelle étude sur les papillons dans l’ouest des États-Unis révèle que les changements climatiques pourraient avoir des conséquences aussi importantes sur les populations d’insectes.

De nombreuses études ont déjà fait état d’une diminution des papillons aux États-Unis, dans les zones densément peuplées et les exploitations agricoles intensives, mais aussi dans certaines zones protégées. Ainsi, des scientifiques de l’Université de Californie menés par Art Shapiro ont montré qu’au cours des 35 dernières années, les papillons ont disparu de la Sierra Nevada, dans l’ouest des États-Unis. Pour savoir si cette constatation se vérifie ailleurs, Shapiro et un autre chercheur ont recueilli des données auprès de la North American Butterfly Association, qui coordonne depuis plus de 42 ans des comptages de papillons à travers les États-Unis. Ils ont également intégré 15 ans de données provenant d’iNaturalist, un portail web qui recueille les observations de plantes et d’animaux, y compris les papillons. En tout, les chercheurs ont suivi le destin de 450 espèces de papillons à partir de 70 endroits dans l’ouest des États-Unis.

Leurs résultats montre que le nombre de papillons a chuté en moyenne de 1,6 % par an entre 1977 et 2018. Cinquante espèces ont décliné dans au moins deux des ensembles de données utilisés, dont le damier d’Edith (Euphydryas editha), et le grand cuivré (Lycaena xanthoides). Certaines espèces pourraient disparaître complètement de certaines parties de leur aire de répartition au cours des prochaines décennies, selon l’étude. Plus surprenant, les déclins ne semblent pas liés au développement humain ou à l’utilisation de pesticides : les insectes semblent disparaître dans des régions où les températures automnales ont augmenté beaucoup plus que les températures estivales au cours des dernières décennies, comme dans le sud-ouest des États-Unis. Les scientifiques spéculent que le temps plus chaud peut perturber le cycle de reproduction du papillon ou affecter négativement les plantes dont il dépend.

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