Les lacs perdent leur oxygène

Photo d'illustration ©Giullie de Pixabay

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Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature indique que les niveaux d’oxygène des lacs situés dans les zones de climat tempéré déclinent rapidement et même plus vite que les océans en raison de leur moindre surface. Ce phénomène représente un risque pour les écosystèmes et leur grande diversité d’organismes vivants.

Une équipe internationale du GLEON (Global Lake Ecological Observatory Network) a réalisé une étude sur les niveaux d’oxygènes des lacs situés dans les zones de climat tempéré. Les résultats, publiés dans la revue Nature, révèlent que les niveaux d’oxygènes dans ces lacs diminuent rapidement et même plus vite que ceux des océans. En effet, les niveaux d’oxygène des lacs étudiés ont en moyenne baissé de 5,5% depuis 1980 dans les eaux de surface et de 18,6% dans les eaux profondes, une perte 3 à 9 fois plus rapide que celle des océans. Les lacs ayant une surface bien inférieure à celle des océans, l’eau se réchauffe en effet plus rapidement.

La biodiversité des lacs est particulièrement riche. La baisse des niveaux d’oxygènes liée au réchauffement des eaux a par conséquence un impact important sur les écosystèmes. « La plupart des organismes vivants, comme les poissons, dépendent des niveaux d’oxygène de l’eau, explique l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) qui a contribué à l’étude en fournissant les données de l’Observatoire des lacs alpins (OLA). Une baisse trop importante peut mener au déclin de certaines espèces ». L’étude montre également que cette diminution des taux d’oxygène favorise les microorganismes qui, eux, évoluent plus facilement dans les milieux ou les niveaux d’oxygènes sont faibles. C’est le cas de certaine bactérie qui produisent du méthane, un gaz à effet de serre puissant. « La baisse du niveau d’oxygène impacte également les sédiments situés au fond des lacs qui retiennent la pollution. Avec la baisse de la concentration en oxygène, ces sédiments réémettent de la pollution métallique et des nutriments, comme le phosphore, qui font baisser la qualité chimique des eaux et favorisent les phénomènes d’eutrophisation », précise l’INRAE.

Les recherches ont été effectuées sur plus de 45 000 échantillons d’eau de 400 lacs des zones tempérées de la terre, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Les plus anciens prélèvements datent de 1941 et les plus récents de 2019. Les chercheurs ont pu analyser l’oxygène dissout des eaux de surface et des eaux profondes ainsi que le profil des températures des eaux. Ils ont trouvé que depuis les années 1980, avec l’augmentation des températures de l’atmosphère, la température globale des eaux de surface des lacs a augmenté de 0,38 °C par décennie et la concentration en oxygène a diminué de 0,11 mg/l par décennie. Ils ont également remarqué que pour les eaux profondes, la température est restée relativement stable, mais l’augmentation de la température des eaux de surface a augmenté la différence de densité avec les eaux profondes, « rendant plus difficile le mélange des eaux des différentes strates des lacs et donc le renouvellement de l’oxygène des eaux profondes », souligne l’Institut. « C’est cette augmentation de la stratification thermique, en intensité et en durée, qui a conduit à une diminution des concentrations d’oxygène dans les couches profondes des lacs. »

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