Le chat domestique menace le chat sauvage suisse. Les deux espèces cousines se reproduisent ensemble et créent des hybrides qui tendent à faire disparaître les chats sauvages constate une équipe de biologistes de l’Université de Genève.
Le chat domestique, un prédateur accusé de l’extinction de plusieurs espèces, pourrait aussi faire disparaître son cousin sauvage en Suisse, par excès d’amour. Le chat sauvage européen, qui avait quasiment disparu des montagnes du Jura, a réussi à recoloniser son ancien territoire ces dernières décennies et paradoxalement pourrait maintenant être la victime de ce succès.
Une équipe de biologistes de l’Université de Genève (UNIGE), en collaboration avec l’Université de Zürich et celle d’Oxford au Royaume-Uni, est arrivée à cette conclusion en modélisant les amours entre felis sylvestris et felis catus. « Les différents scénarios modélisés montrent que d’ici 200 à 300 ans – soit une période très courte à l’échelle de l’évolution -, l’hybridation conduira à un remplacement génétique irréversible des chats sauvages et à l’impossibilité de les distinguer de leurs cousins domestiques, comme c’est déjà le cas en Ecosse et en Hongrie« , souligne un communiqué de l’Université de Genève sur ces recherches publiées dans la revue Evolutionnary applications. Bien que considérés comme deux espèces ou sous-espèces différentes, les chats sauvages et domestiques peuvent donner naissance à des chatons hybrides et fertiles.
Or « un événement d’hybridation a proportionnellement beaucoup plus d’impact dans la population de chats sauvages constituée de quelques centaines d’individus que dans la population domestique qui dépasse le million d’individus en Suisse« , précise Mathias Currat, Maître d’enseignement et de recherche au Département de génétique et évolution de l’UNIGE, dans le communiqué.
Selon, l’étude, environ 5 à 10% des contacts entre chats sauvages et domestiques ont donné naissance à des chatons hybrides. Juan Montoya-Burgos, directeur de laboratoire au Département de génétique et évolution et co-auteur de l’étude, avertit que « le modèle aboutit à un remplacement génétique irréversible menant, à terme, à la disparition du chat sauvage. Seul l’arrêt du croisement entre les deux espèces prédit la conservation de l’espèce sauvage« .
Les chercheurs ne se contentent pas du constat et suggèrent « une réduction drastique des opportunités d’hybridation« , en clair : stériliser les femelles domestiques aux abords des fermes et à proximité des forêts. Elles doivent être la cible principale parce qu’elles s’accouplent plus volontiers avec les mâles sauvages que ne le font les chats domestiques mâles avec les femelles sauvages.