La résistance des papillons au changement climatique pourrait être liée à leur capacité à bien réguler leur température corporelle, qui dépend de la taille et de la couleur de leurs ailes, selon une nouvelle étude.
Ectothermes, les papillons ne produisent pas de chaleur interne : leur température corporelle dépend uniquement des échanges thermiques avec l’environnement. Or leur capacité de régulation varie significativement selon les espèces, relève une étude publiée dans la revue Journal of Animal Ecology.
Certaines espèces sont notamment obligées de se mettre à l’ombre pour se protéger du soleil et arriver à modérer leur température interne. Elles sont « susceptibles de souffrir davantage du changement climatique et de la destruction d’habitats naturels« , qui voit les petits îlots de fraîcheur diminuer, explique l’auteur principal de l’étude, Andrew Bladon, du département de zoologie de l’Université britannique de Cambridge.
Pour mesurer comment les papillons font face aux variations climatiques, les chercheurs ont capturé 4.000 spécimens sauvages issus de 29 espèces à travers la Grande-Bretagne, durant plusieurs mois en 2009, puis en 2018. Ils ont pu prendre leur température grâce à un minuscule thermomètre. Diagnostic : les plus grands spécimens, aux couleurs pâles, comme le papillon blanc ou le papillon « citron« , ont une meilleure thermorégulation car ils peuvent incliner leurs ailes pour diriger la lumière du soleil. Ces populations, selon les chercheurs, sont stables, voire en augmentation.
À l’inverse, les espèces aux ailes plus petites et plus colorées, comme le petit papillon cuivré, régulent moins bien leur température, et dépendent de l’ombre pour se rafraîchir. Elles ont vu leur population chuter au cours des quarante dernières années. En Grande-Bretagne, les populations de papillons enregistrent un déclin dans deux tiers des espèces. Selon Andrew Bladon, il faut diversifier les paysages pour protéger ces insectes essentiels à la pollinisation. En laissant par exemple des parcelles d’herbe plus hautes sur les pelouses – pour leur faire de l’ombre – ou en « rompant la monotonie des paysages agricoles, avec des haies naturelles, des fossés et des parcelles boisées« , détaille le chercheur dans un communiqué.