Le Conseil d’Etat interdit les tirs d’effarouchement des ours

Ours © VanHope-Fotolia

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Le Conseil d’Etat a annulé la possibilité de recourir à des tirs non létaux pour effrayer les ours bruns dans les Pyrénées, expérimentés depuis 2019, estimant qu’elles peuvent porter atteinte à la survie de cette espèce menacée.

Dans une décision rendue jeudi, le Conseil d’Etat annule une partie de l’arrêté du 27 juin 2019 permettant la mise en place de mesures d’effarouchement de l’ours brun dans les Pyrénées à titre expérimental, qui prévoyait « l’effarouchement renforcé, à l’aide de tirs non létaux ». Le Conseil d’Etat, saisi par l’association Ferus, estime que les mesures d’effarouchement simple (..) « ne sont pas de nature à porter atteinte au maintien des populations d’ours ou à compromettre l’amélioration de l’état de conservation de l’espèce ».En revanche, la possibilité de procéder à du tir non létal, « sans encadrer davantage ses conditions de mise en oeuvre (…) ne permettent pas de s’assurer que les dérogations ne portent pas atteinte au maintien des populations concernées dans leur aire de répartition naturelle et ne compromettent pas l’amélioration de l’état de l’espèce ».

« Nous allons bien entendu appliquer cette décision et travailler sur la
stratégie globale d’effarouchement sur cette base », a réagi le ministère de la
Transition écologique. Il faut trouver « les conditions de la coexistence entre
ours et activités humaines, dont le pastoralisme », ajoute-t-il. De leur côté, les associations de défense de l’ours ont déploré dans un
communiqué commun que l’Etat n’ait pas vérifié au préalable « la conformité au
droit des mesures prévues ». Ces mesures ne respectaient pas « le cadre légal dans lequel il serait
possible de déroger à l’interdiction de perturbation intentionnelle de
l’espèce protégée et prioritaire qu’est l’ours brun », ajoutent les
associations. Et ce, « même à titre expérimental, comme avait tenté de le
justifier l’Etat ».

Les ours bruns, dont la population tourne autour d’une cinquantaine d’individus, sont en danger critique d’extinction dans les Pyrénées. Trois individus ont été tués par l’homme en 2020. Fin janvier, la Commission européenne a demandé à la France de procéder à de nouvelles réintroductions, conformément aux engagements pris dans son plan national ours de 2018. « La Commission a déjà indiqué aux autorités françaises que le remplacement des trois ours tués semble à minima nécessaire, à la lumière de l’état de conservation défavorable de l’ours en France », a écrit  Nicola Notaro, un responsable de la direction générale de l’environnement de la Commission européenne, dans un courrier adressé à des ONG.

De part et d’autre des Pyrénées, la présence de l’ours est décriée, parfois combattue, notamment par les éleveurs qui déplorent des prédations de brebis. En 2019, 1.173 animaux ont été tués par des ours et 36 ruches détruites. En 2020, le bilan montre « une baisse du nombre des victimes de prédation »,selon la préfecture d’Occitanie. Selon le plan national ours mis en place en 2018, la part de la prédation de l’ours représente moins de 0,1% du cheptel qui estive dans les Pyrénées, mais certaines sont très impactées. Des moyens publics importants sont alloués pour la protection du pastoralisme, 7,85 millions d’euros en 2020, selon la préfecture.

L’arrêt du Conseil d’Etat