Les géants de l’agroalimentaire et ONG de défense de l’environnement s’unissent contre la politique environnementale du gouvernement Bolsonaro au Brésil. Ils ont créé une coalition inédite intitulée « Brésil, Climat, Forêts et Agriculture » pour tenter de freiner la déforestation en Amazonie.
230 associations de défense de l’environnement et de représentants de l’afro-négoce au Brésil ont envoyé une lettre au Président Jair Bolsonaro avec des propositions pour freiner la déforestation. La lettre a également été envoyée au vice-président Hamilton Mourao, coordinateur du Conseil National de l’Amazonie. L’Alliance comprend des acteurs importants de l’agroalimentaire comme JBS, numéro un mondial de la viande ou encore la multinationale Danone. De nombreux gros groupes de cette coalition ont été accusés récemment d’exporter des produits issus de la déforestation. Ils prennent parti dans ce combat aux côtés d’ONG de défense de l’environnement telle que le Fonds mondial pour la nature (WWF) ou Imazon. Chacun défend ses intérêts. L’agro-négoce a décidé de se joindre à la coalition, craignant que la mauvaise image du Brésil en matière de protection de l’environnement nuise aux exportations.
La politique environnementale du Brésil est vivement critiquée. Le nombre de foyers d’incendie enregistrés sur la première partie du mois de septembre en Amazonie est déjà supérieur au total enregistré pour ce même mois de l’année en 2019. Les signataires de la lettre réclament une augmentation des contrôles et des amendes appliquées en cas d’irrégularités. Ils demandent aussi la suspension de « tous les processus » de régularisation de terres déboisées illégalement depuis juillet 2008. « En mettant fin aux régularisations, on agit sur la principale motivation des invasions illégales de terres et, par conséquent, de la déforestation », explique la lettre.
Le texte envoyé a une vision opposée à celle du gouvernement. La politique Bolsonaro veut intensifier la régularisation en Amazonie et ouvrir les territoires indigènes à l’exploration minière ou agricole. Huit pays européens dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont également envoyé une lettre au vice-président Mourao pour lui partager leur « extrême préoccupation « face à l’augmentation alarmante » de la déforestation. Selon les derniers chiffres officiels, 1 358 km2 ont été déboisés en Amazonie le mois dernier, 21% de moins qu’en août 2019. Cependant, si l’on prend en compte les données recueillies depuis janvier 2020, la baisse est de seulement 5% par rapport à l’année précédente, année de tous les records. Depuis début 2020, au moins 65 362 foyers d’incendies ont été enregistrés en Amazonie. Une augmentation de 11 % par rapport à la même période l’an passé.