L’association de ces deux mots surprend, au premier abord : nous ne serions donc pas égaux face à nos environnements ?
C’est exactement ce que s’attachent à montrer les cinq contributeurs à ce court livre. Je note qu’ils sont sociologue, urbaniste, économiste, philosophe, mais pas biologiste ; ils vont donc porter un regard sur la manière dont « les populations humaines (…) sont très inégalement affectées par les dégradations environnementales et y contribuent de manières tout aussi inégales. »
Sont ainsi passés en revue les impacts de la pollution des milieux naturels (eau, air, sol), du bruit, des déchets sur la santé humaine. Sans oublier les souffrances que provoquent les catastrophes dites « naturelles » et souvent dues aux activités humaines (bouleversements climatiques), les manques de beauté, de nature, de paysages (au sens d’harmonieuses constructions humaines et naturelles), d’eau, d’énergie, d’alimentation diversifiée et répondant aux besoins de nos organismes, etc.
Les populations les plus pauvres, les plus fragiles (immigrés, par exemple) apparaissent les plus touchées par ces divers impacts. Cependant, ce n’est pas, comme on le croit trop souvent, parce que ces individus déshérités vont s’installer dans des lieux où personne d’autre ne voudrait vivre : près des décharges, des autoroutes ou des incinérateurs, par exemple ; mais, à l’inverse, car les « riches » décideurs créent ces infrastructures là où sont les pauvres et les fragiles : en France, pas dans je ne sais quel pays où ces questions-là ne se poseraient même pas, en France « pour 1% de population d’origine étrangère en plus, une commune voit augmenter de près de 30% le risque de voir s’installer sur son territoire un incinérateur » !
Les inégalités environnementales
Catherine Larrère
Editions PUF
100 pages
9,00 €
De manière générale, le risque, l’inégalité vont vers les pauvres et non l’inverse. Même s’il faut noter que certains risques peuvent affecter aussi les plus favorisés, ceux qui, par exemple, construisent leur belle résidence secondaire trop près de la mer ou du fleuve, aux paysages si convoités.
Face à ces difficultés à « croiser les questions sociales et environnementales », les auteurs reconnaissent combien il est difficile de trouver des solutions car c’est le fonctionnement même de notre société qui est en cause et, notamment, son « système économique qui repose sur la croissance. »
Et si, forts de ces analyses convaincantes, nous profitions de la période actuelle pour nous interroger et interroger nos « prétendants-élus » sur la pertinence de notre modèle qui veut toujours plus de cette croissance évidemment dévastatrice ? N’est-ce pas un économiste (pas un écolo excessif !) qui a publié « Le monde est clos et le désir infini » (Daniel Cohen) ?