Elle n’a pas de nom, elle raconte.
La vieille femme n’a pas de nom et raconte longuement, en détail, son histoire et celle de son peuple, les Evenks. Ceux-ci vivent – survivent ? – dans l’extrême nord-est de la Chine. Là où la neige et le froid rythment la vie, là où les humains ne sont qu’une part de la nature. Ils en dépendent pour se nourrir, se vêtir, mais aussi pour s’aimer, vivre et mourir. Les Esprits, plus encore que les rennes, décident de tout dans ce quotidien, ils en assurent l’harmonie, la cohérence, ils en expliquent et nomment tout ce que, sans eux, les Evenks ne pourraient ni comprendre ni définir.
Le dernier quartier de lune
Zijian Chi
Editions Philippe Picquier
367 pages
22,00 €
Cette intrication des humains, de la nature et des Esprits est fascinante car elle semble tenir d’un univers que, peut-être, tous nous avons connus dans des passés, des climats, des paysages certes différents, mais qui ont fait ce que nous sommes désormais… Cependant, l’intrusion des Russes voisins et des Japonais va lentement perturber cette vie que rien ne semblait pouvoir changer tant que les Esprits en étaient les garants. La narratrice : « je compris que seules les choses du ciel sont éternelles et que, si beau soit-il, un reflet dans l’eau reste éphémère. »
Reste aussi, surtout, la langue de ce roman : elle est belle comme une eau qui coule, forte, simple, sans fin…