Trois questions à Rodrigo Junqueira, conseiller de l’Institut socio-environnemental du Brésil (ISA)
Giovanna Fleitas : quel type de végétation est affectée par les incendies en Amazonie ?
Rodrigo Junqueira : les forêts autochtones de l’Amazonie souffrent des incendies. Ce sont des forêts de différentes physionomies, avec des zones de végétation basse, comme dans le Mato Grosso (centre-ouest), et d’autres plus denses dans lesquelles coexistent des espèces natives avec d’autres qui se sont développées au cours de l’Histoire. Des espèces centenaires sont touchées. Des châtaigniers, des courbarils, des ipés ont été atteints par les flammes et réduits en cendres. Ces bois, très prisés par le commerce, disparaissent dans les incendies et cette destruction est néfaste pour l’environnement. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Giovanna Fleitas : est-il possible que cette végétation se reconstitue ?
Rodrigo Junqueira : certaines zones forestières ont une capacité de résilience, de régénération, mais le feu en Amazonie est très destructeur et, très souvent, les forêts qui meurent ne parviennent pas à se régénérer. L’environnement a une influence pour définir si une zone peut se régénérer ou non. Par exemple, si une zone est entourée de cultures, elle aura moins de possibilité de régénération.
Giovanna Fleitas : quels plans d’action devraient mettre en œuvre les autorités pour réparer les dommages provoqués par les incendies ?
Rodrigo Junqueira : il faut peu de temps pour détruire la forêt, mais pour la reconstruire il faut mettre en place des politiques qui associent les habitants et attendre une décennie ou plus pour commencer à voir des résultats concrets. Cependant, le succès n’est jamais garanti. Mais un processus de reforestation est possible et nous avons connaissance d’expériences où des zones dégradées ont pu être récupérées. Dans tous les cas, les zones se régénèrent, mais sans parvenir à revenir exactement à leur état antérieur à la dévastation. L’objectif est qu’elles soient le plus semblables à ce qu’elles étaient auparavant. Il est important d’associer les habitants aux programmes de reforestation. (Avec l’ISA) nous avons récupéré des terres en dispersant des graines de différentes espèces grâce à des machines utilisées pour cultiver. Au cours des dernières années, le gouvernement a été très absent pour la régénération d’aires déboisées et cela explique qu’aujourd’hui on peine pour freiner l’avancée des incendies. C’est pour cela que les politiques de prévention dans les zones dégradées sont fondamentales pour réussir.
Propos recueillis
par Giovanna Fleitas
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