Une étude publiée dans Biological Conservation les espèces endémiques risquent davantage de s’éteindre avec le changement climatique que les espèces indigènes et introduites.
La faune et la flore des îles, comme beaucoup d’espèces du monde entier, sont menacées de disparaître en raison du changement climatique qui s’intensifie. Une nouvelle étude publiée dans la revue Biological Conservation indique que certaines espèces sont plus vulnérables que d’autres : les espèces endémiques insulaires. Les recherches montrent que de manière générales, les espèces que l’on trouve exclusivement dans une région (espèces endémiques) sont davantage menacées par le changement climatique que les espèces indigènes (présentes naturellement, mais pas exclusivement dans la région) et que celles introduites par l’homme (espèces exotiques). Selon l’analyse, des îles telles que les Caraïbes, les îles de l’océan Indien, dont Madagascar et le Sri Lanka, les Philippines et des biomes comme les Ghâts occidentaux de l’Inde pourraient être privés de toute leur flore endémique d’ici trois décennies. En Afrique également, les plantes endémiques des points chauds de la biodiversité situés en haute altitude sont en grand danger. À l’échelle continentale, les impacts négatifs les plus importants seront observés sur la faune endémique en Amérique du Sud, en Afrique et en Océanie.
Pour arriver à ces conclusions, les auteurs ont examiné 273 points chauds de la biodiversité dans le monde pour comprendre la sensibilité de la flore et de la faune aux changements climatiques. L’analyse a mis en exergue, les îles à la biodiversité importante notamment en raison de l’isolement des espaces qui permet des niveaux d’endémisme plus élevés. De nombreuses espèces occupent des niches écologiques étroites (ensemble des conditions environnementales telles qu’une espèce donnée peut former des populations viables) dans ces régions, ce qui rend leur situation encore plus précaire. Ce qui reste assez troublant est que selon ces travaux, les espèces introduites resteront relativement indemnes aux changements. Pour les espèces terrestres, les scientifiques ont calculé que le risque lié au changement climatique pour les espèces endémiques est 10 fois plus élevé que pour les espèces introduites. Les chercheurs ont également pris en compte les impacts sur les espèces indigènes qui ne sont pas endémiques et ont constaté que les espèces introduites s’en sortent mieux que les espèces indigènes.
Les auteurs de l’étude notent également que les risques augmentent fortement avec l’intensité du réchauffement climatique à prévoir. Si l’accord de Paris qui prévoit une augmentation des températures de moins de 1,5 °C par rapport à l’aire préindustrielle n’est pas atteint et que les températures mondiales moyennes augmentent de plus de 3 °C, la proportion d’espèces endémiques terrestres menacées d’extinction sera multipliée par dix. Les scientifiques rappellent que même si le monde parvient à atténuer le changement climatique, la biodiversité reste menacée par de nombreux autres facteurs.