Une équipe de 20 scientifiques a entrepris l’expédition Guaviare 2021, un voyage de dix jours visant à réaliser la première caractérisation biologique d’une section spécifique du fleuve Guaviare en Colombie et à analyser l’abondance de ses dauphins de rivière.
Un an après le début de la pandémie du Covid-19, alors que tout effort de conservation et travaux de terrain ont dû être stoppés, une équipe de 20 scientifiques s’est lancée dans ce qu’ils appellent « l’expédition Guaviare 2021 ». Il s’agit d’un voyage de dix jours sur l’une des plus importantes rivières de Colombie : le fleuve Guaviare. L’objectif était de générer des informations scientifiques et d’analyser ce qui s’est passé pendant ces mois de crise sanitaire dans des régions stratégiques du biome (milieu écologique étendu et homogène, à la surface du globe terrestre (forêt tropicale, désert…) amazonien.
Le fleuve Guaviare coule sur 1497 km en Colombie et délimite les deux ensembles géographiques des Llanos (vaste plaine herbeuse au Nord-Oest de l’Amérique du Sud) et de la forêt Amazonienne. Seulement 630 km sont navigable. Les chercheurs ont effectué leurs travaux sur une distance de 410 km. Au cours de l’expédition, et sous la direction de la Fondation Omacha, les chercheurs ont observé 188 dauphins de l’Amazone, une espèce menacée, ainsi qu’environ 200 espèces de plantes, 313 échantillons de macro-invertébrés d’eau douce, 74 espèces de poissons, 9 espèces d’amphibiens, 2 espèces de reptiles et 5 espèces de chauves-souris. Dans le cadre du programme de marquage par satellite de la South American River Dolphin Initiative (SARDI), l’équipe de scientifiques a installé un nouvel émetteur satellite sur une femme dauphin. L’appareil transmet en temps réel les mouvements de l’animal et son utilisation de l’habitat dans la rivière. Cet émetteur va permettre de comprendre où se trouvent les sites de reproduction et d’élevage de cette espèce dans la région.
Les chercheurs ont donc prélevé des échantillons de tissus de cette femelle et de son baleineau, ainsi que de 72 poissons de différentes espèces, afin de détecter la présence de Mercure, une des principales menaces pour les dauphins de rivière avec l’exploitation illégale de l’or. L’objectif est d’obtenir des données permettant de mieux comprendre l’impact de ce métal sur les communautés et les écosystèmes locaux, fournissant ainsi un apport important pour un programme de surveillance que l’autorité environnementale locale (CDA) est en train de développer. Ce programme permettra de mesurer les concentrations de Mercure dans les sédiments, l’eau et les poissons dans l’idée de prendre des mesures adaptées.