Une étude publiée dans la revue Conservation Letters recense les mouvements des 363 espèces connues d’oiseaux marins à l’échelle mondiale et fournit des données écologiques essentielles à leur conservation.
Bien que les oiseaux marins soient suivis dans presque toutes les régions de la planète, certaines zones restent peu documentées comme c’est le cas des zones tropicales. Des chercheurs issus du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive et du Centre d’Études Biologique ont ainsi effectué une synthèse des mouvements des 363 espèces connues d’oiseaux marins à l’échelle mondiale afin de regrouper les connaissances écologiques nécessaires à leur conservation. Les scientifiques ont recensé près de 700 publications basées sur des suivis électroniques des mouvements d’oiseaux marins. Les travaux réalisés depuis 1990 fournissent des informations sur plus de 28 000 individus appartenant à 216 espèces.
Les résultats publiés dans la revue Conservation Letters démontrent que malgré un enrichissement grandissant des connaissances sur les déplacements des oiseaux matins, certaines régions restent très peu étudiées notamment les zones tropicales. Les auteurs ont également relevé que l’écologie en mer d’un tiers des espèces cache de gros secrets, et ce, même dans les zones très bien étudiées comme les Terres Australes et Antarctiques françaises. Aucune information n’est disponible sur les mouvements de 54 espèces d’oiseaux marins classées comme menacées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Pour 19 autres espèces menacées, les informations disponibles ne permettent pas d’obtenir une vision globale de leurs mouvements en mer. Il a été constaté que les espèces les plus lourdes sont les plus étudiées. Les scientifiques soulignent enfin que les données – élément primordial pour la mise en place de mesures de conservation – sont difficilement accessibles. La plupart des données de suivi électroniques ne sont pas disponibles dans les bases de données en ligne.
Pour conclure cette synthèse les auteurs ont souhaité proposer une stratégie globale pour les prochaines études sur les oiseaux marins afin de contribuer à leur protection. Ils recommandent de travailler conjointement sur un programme mondial de suivi des oiseaux de mer, afin d’obtenir une image complète de leurs mouvements. Ils relèvent ensuite l’importance de créer un fonds international, en partenariat avec des chercheurs, des agences de financement et l’industrie afin de concevoir la prochaine génération de balises électroniques, suffisamment petites pour suivre toutes les espèces, dans le respect strict du bien-être animal. Les chercheurs demandent également à ce que les chercheurs et leurs institutions soient encouragés à investir dans des solutions de partage et d’archivage rapides et efficaces des données au sein de bases de données en ligne, tout en respectant la reconnaissance adéquate des collecteurs de données. Enfin, ils préconisent d’étudier systématiquement les mouvements de la mégafaune marine dès lors qu’un pays ou une entreprise souhaitent exploiter les ressources marines, afin d’évaluer les impacts potentiels de ces projets.